Des réfugiés afghans portent leurs affaires après avoir été expulsés d’Iran à la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran, dans la province occidentale de Herat, le 30 mai 2024. MOHSEN KARIMI / AFP Sami, un Afghan de 28 ans qui a adopté un prénom d’emprunt, est arrivé avec ses parents en Iran il y a plus de deux décennies. Comme beaucoup d’autres, sa famille a quitté son pays à la recherche d’un travail stable et d’une vie plus calme pour les enfants, alors que, depuis 1979, l’Afghanistan est aux prises avec la guerre et l’instabilité politique. Et comme d’autres de ses compatriotes réfugiés en Iran, interrogés par Le Monde, Sami constate, depuis quelques mois, une montée de sentiments antiafghans dans la société iranienne, conjuguée à un durcissement des autorités envers ces réfugiés. « J’ai demandé à mes trois enfants de ne sortir dans la rue que très rarement, parce que les voisins ne cessent de témoigner leur mépris à notre encontre et de nous montrer que nous ne sommes pas les bienvenus », explique-t-il. Sa fille de 8 ans n’a toujours pas pu être inscrite à l’école, alors que la rentrée scolaire approche. « L’an passé, j’ai pu l’inscrire facilement, mais, pour cette nouvelle année scolaire, les responsables exigent que nous puissions prouver être en possession de 100 millions de tomans [presque 1 500 euros], ce qui est impossible pour moi », explique Sami, qui ne touche que 150 euros par mois. Même avant cela, la vie de ce menuisier, comme celle d’un grand nombre d’Afghans vivant en Iran – entre 4 millions et 6 millions, selon différentes estimations, dans un pays de presque 80 millions d’habitants –, n’a guère été facile. Conformément à la loi, il n’a pas le droit d’ouvrir un compte bancaire ou de posséder une voiture ou un bien immobilier. Les Afghans ne peuvent occuper que certains emplois, souvent ingrats et définis par les autorités iraniennes. Leur présence est prohibée dans certaines provinces, et ils font souvent l’objet d’interdictions d’entrer dans les parcs et les jardins, notamment pendant les jours de fête en Iran. Assimilés aux talibans Depuis le printemps, une vague antiafghane a surgi sur les réseaux sociaux. Des vidéos ont été publiées montrant des réfugiés afghans portant un shalwar kameez (tenue traditionnelle bouffante), dans le parc d’une banlieue de Téhéran, ou assis dans le métro de la capitale. Ces images choquent certains Iraniens qui méprisent les Afghans et qui vivent mal leur présence dans le pays, de surcroît si ces derniers osent s’amuser en public. Une campagne a été lancée sur la Toile, avec le mot d’ordre : « L’expulsion des Afghans, une revendication nationale. » Depuis cet été, sur le site Karzar.net où les Iraniens lancent toutes sortes de pétitions, au moins une vingtaine réclament désormais le renvoi en Afghanistan des réfugiés originaires de ce pays voisin. Certaines comptabilisent des centaines de milliers de signataires. Des publications sur différents réseaux pointent du doigt la responsabilité des Afghans dans des affaires de viols, de meurtres et de cambriolages, sans que cela soit étayé. Il vous reste 50.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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En Iran, les réfugiés afghans ciblés par une campagne pour leur expulsion
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