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François dénonce la chasse aux sorcières en Papouasie-Nouvelle-Guinée

by News7
François dénonce la chasse aux sorcières en Papouasie-Nouvelle-Guinée



Ce samedi 7 septembre, François s’attarde dans la cour de l’école secondaire Caritas de Port Moresby. Depuis son fauteuil roulant, le pape regarde Jamati Richard, 20 ans, danser comme dans les fêtes traditionnelles singsing. « Je ne suis pas catholique, mais je me suis sentie bénie », confie la jeune protestante venue de la région de Norobe, alors que retentissent les tambours d’un groupe de l’île de Manus. Autre province, autre chorégraphie.Le long de la route qui mène le pape au sanctuaire de Marie Auxiliatrice sont massés des Papouasiens de tout l’archipel, venus en avion et parfois à pied à travers « le bush », la forêt. « Ce temps qu’il prend pour nous… Quelle humilité, dit Annette Sinnou, 45 ans, derrière une barrière. Ici quand les hommes commencent à avoir des titres, ils ne viennent plus voir les pauvres », observe cette institutrice venue de l’île de Kokopo. C’est le premier bain de foule de François en Papouasie-Nouvelle-Guinée.Accusations de magie noireEn cette fin d’après-midi, dans l’église où il rencontre le clergé et les consacrés à Port Moresby, le pape a demandé aux catholiques papous d’aller « aux périphéries du pays » : « Je pense aux personnes issues des milieux les plus défavorisés des populations urbaines, ainsi qu’à celles qui vivent dans les zones les plus reculées et abandonnées, où parfois le nécessaire fait défaut, a-t-il dit. Et encore à celles qui sont marginalisées et blessées, aussi bien moralement que physiquement, par les préjugés et les superstitions, comme nous l’a rappelé Sr Lorena [Jenal] ».Lors de la rencontre, cette sœur de Baldeeg d’origine suisse a raconté au pape son action au sein du diocèse de Mendi (sud). Deux cent cinquante femmes y sont accueillies dans une Maison de l’espérance, après avoir été victimes de tortures et de tentatives de meurtre. Toutes ont été faussement accusées d’avoir pratiqué la magie noire, a dit la religieuse.Aucune statistique officielle n’existe sur ce type de crimes, mais selon des chercheurs australiens, 3 000 personnes accusées de sorcellerie auraient été tuées entre 2000 et 2020 en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La majorité des victimes seraient des femmes.Une véritable chasse aux sorcières, « comme dans l’Europe du XVIe siècle », décrit l’évêque de Forma, Mgr Justin Soongie. « J’ai eu des cas de fils qui ont torturé leur mère. C’est l’un de nos plus graves problèmes en Papouasie. Depuis 2015, ces violences ont augmenté dans mon diocèse. L’État ne fait pas assez », développe cet évêque rencontré plus tôt dans la journée, à l’occasion du premier discours du pape en Papouasie-Nouvelle-Guinée.Le « sorcelry act »Sur les rives de la mer de Corail, à Port Moresby, François s’adressait justement aux autorités politiques du pays. Le pape leur a demandé « que cessent les violences tribales qui font malheureusement de nombreuses victimes. Elles ne permettent pas de vivre en paix et entravent le développement, a-t-il dit. J’en appelle donc au sens de responsabilité de chacun pour arrêter la spirale de la violence. »La Papouasie-Nouvelle-Guinée a seulement abrogé en 2013 le « sorcelry act » qui punissait depuis 1971 les « pratiques diaboliques ». Selon un rapport de 2021 écrit par des chercheurs australiens, 30 % des violences liées aux accusations de sorcellerie seraient encouragées par les leaders communautaires. Et aussi par des leaders religieux, notamment protestants, dans 11 % des cas.Face aux autorités politiques, le pape avait commencé son discours en s’adressant à « Monsieur le premier ministre », malgré l’absence remarquée de ce dernier. Est-ce en raison du Shabbat, que James Marape suit chaque week-end, que ce protestant membre de l’Église adventiste du 7e jour n’est pas venu accueillir François en personne ?Pas de rencontre œcuméniqueJames Marape – qui milite pour changer la Constitution afin de faire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée un « État chrétien », ce que les évêques catholiques ne souhaitent pas – n’a peut-être pas voulu donner le sentiment de recevoir des leçons du pape catholique. « Pour tous ceux qui se déclarent chrétiens – la grande majorité de votre peuple – je souhaite ardemment que la foi ne se réduise jamais à l’observance de rituels ou de préceptes mais qu’elle consiste à aimer Jésus-Christ et à le suivreet qu’elle puisse devenir une culture vécue, en inspirant les esprits et les actions », a dit François, face aux autorités présentes.Le pape a tout de même demandé aux catholiques à rechercher à collaborer avec les institutions politiques et toutes les personnes de bonne volonté, « à commencer par leurs frères qui appartiennent à d’autres confessions chrétiennes et à d’autres religions » pour le bien commun de tous les citoyens du pays.En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les catholiques ne représentent que 25 % d’une population chrétienne à 98 %. Malgré cela, aucune rencontre œcuménique n’a été inscrite au programme de François, même si certains protestants seront présents demain dimanche, lors de la messe de clôture de son passage à Port Moresby.



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