Un enfant placé sous nébuliseur, appareil médical destiné à l’aider à respirer, dans un hôpital de New Delhi, le 7 novembre 2023. ARUN SANKAR / AFP Les cours de récréation des écoles de New Delhi se sont vidées. Le chahut des enfants a laissé place au silence, et les feuilles mortes ont recouvert les terrains de jeu. A l’entrée de l’école publique Sarvodaya Vidyalaya de Defence Colony, située dans le sud de la capitale, seuls deux gardiens sont assoupis dans leur petite cahute. Presque toutes les écoles de la ville ont été ainsi désertées. Face au nuage toxique qui enveloppe la capitale indienne depuis plusieurs jours, les autorités ont ordonné le 3 novembre la fermeture des établissements scolaires. D’abord, les cours ont été transférés en ligne. Puis les vacances d’hiver ont tout simplement été avancées d’un mois. « Respirer dans cette ville, c’est comme respirer dans une énorme casserole remplie de poussière qui vous remonterait dans le nez et dans la bouche », tente d’expliquer Aaryan Sehgal, âgé d’à peine 12 ans, qui fréquente une école privée, elle aussi passée à l’enseignement à distance. « Sans air, on étouffe, mais à Delhi, en ce moment, c’est l’air qui nous étouffe », souffle l’adolescent, dont les bronches sont distinctement prises. L’air de New Delhi est irrespirable. Comme tous les ans, avec l’arrivée de l’hiver, le taux de PM2,5 – ces particules fines cancérigènes qui pénètrent dans le sang et les poumons –, affiche des niveaux qui peuvent aller jusqu’à trente fois les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. A partir du mois de novembre, New Delhi connaît des pics de pollution atmosphérique alimentés par les brûlis agricoles des Etats voisins, les émissions industrielles et les transports routiers, combinés à des températures plus fraîches et à l’absence de vent, qui plaquent les polluants au sol et les empêchent de se dissiper. « Véritable meurtre » Et les plus jeunes sont en première ligne : dans la capitale, près d’un écolier sur trois souffre d’asthme et d’obstruction des voies respiratoires. Les enfants sont plus vulnérables, car certains de leurs organes vitaux, comme le cerveau et les poumons, ne sont pas pleinement développés. Leur fréquence respiratoire étant également plus élevée que celle des adultes, ils inhalent davantage d’air toxique. La situation est telle que la Cour suprême a dénoncé le « véritable meurtre » des « jeunes », exhortant l’exécutif de la capitale et les Etats voisins à faire davantage pour protéger les populations de ce fléau. Tueuse silencieuse, la pollution atmosphérique aurait causé 1,67 million de décès prématurés en Inde, dont près de 17 500 rien qu’à New Delhi. Il vous reste 70% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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