Lors de la journée de célébration du troisième anniversaire de la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans, à Khost, le 14 août 2024. AFP La communauté internationale ne sait plus comment s’y prendre avec l’Afghanistan. Trois ans après avoir repris le pouvoir à Kaboul, le régime taliban poursuit sa politique d’effacement des femmes de la société en les réduisant au silence et à l’invisibilité sociale. Cette théocratie rurale et nationaliste n’a cure des récriminations du monde et dénonce les ingérences extérieures. Les grandes puissances, l’ONU et les voisins régionaux se divisent sur l’attitude à adopter face aux islamistes afghans. Certains s’en tiennent à la seule aide humanitaire, d’autres estiment qu’il faut soutenir le développement du pays et les plus conciliants entretiennent des relations polies sans pour autant franchir le pas de la reconnaissance officielle. Après un départ chaotique de Kaboul, à l’été 2021, les Etats-Unis ont, d’abord, coupé les ponts diplomatiques et sécuritaires avec ceux qui les avaient chassés. Puis, discrètement, Washington a renoué un dialogue intermittent avec les talibans. Depuis, la relation s’est stabilisée. Les autorités américaines semblent considérer qu’il y va de leur sécurité, mais aussi de leur influence régionale, de consolider les liens avec le régime islamiste. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’Afghanistan vit sous perfusion financière américaine Ajouter à vos sélections De fait, sur le plan financier, Washington n’a jamais lâché Kaboul. Fin juillet, l’inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), chargé par le Congrès de veiller sur l’emploi des fonds américains, a rappelé que les Etats-Unis « ont affecté ou mis à disposition 20,7 milliards de dollars [18,5 milliards d’euros] d’aide » depuis le retrait de leurs forces. Ce montant inclut l’aide humanitaire, le soutien au développement, la prise en charge des réfugiés afghans et les actifs de l’Etat afghan, gelés par Washington et transférés, fin 2022, au Fonds afghan créé par le Trésor américain pour stabiliser la monnaie du pays. L’ennemi juré des talibans reste son premier bailleur de fonds. Virage diplomatique américain Pour l’heure, nulle intention, néanmoins, pour les Américains, à la différence des Chinois, des Russes, des chancelleries d’Asie centrale ou de certains pays du Golfe, de reprendre pied à Kaboul. Les rencontres entre diplomates de Washington et les caciques talibans se déroulent à Doha, au Qatar. Nulle signature de contrats, non plus, comme avec Pékin, sur l’exploitation de matières premières extraites ou d’organisation de conférences commerciales régionales, comme en Iran ou en Russie. Pour autant, ni Pékin, ni Moscou, ni même Islamabad, le voisin historiquement proche des talibans, n’ont reconnu officiellement le régime de Kaboul. Il vous reste 55.15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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aider un régime ou un peuple, le dilemme occidental
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