Lors de la Fête des célibataires, moment de fièvre acheteuse dans tout le pays, la firme n’a enregistré une hausse de ses ventes que de 2,1 %. ANTHONY WALLACE / AFP Décidément, Alibaba a du mal à se remettre des années Covid. Secoué par l’« évaporation » soudaine de son fondateur, Jack Ma, après son discours critique sur les autorités en octobre 2020, le groupe a été entravé par le pouvoir dans ses ambitions de croissance, puis pénalisé par la baisse de la consommation chinoise. Il pensait rebondir en se scindant en six unités distinctes, afin de mieux les valoriser et de les stimuler. Mais il a suspendu son plan ce jeudi 16 novembre. Sa division cloud (l’informatique à distance), joyau du groupe, ne sera pas séparée comme prévu, et son activité de magasins d’épicerie ne sera pas non plus mise en Bourse. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Chine, une « fête des célibataires » sans gala ni paillettes Le groupe invoque les nouvelles restrictions américaines sur l’exportation de ses microprocesseurs les plus sophistiqués vers la Chine. Mais le problème est plus profond. Alibaba, empereur du commerce en ligne, est confronté à la morosité ambiante qui affecte le moral des consommateurs chinois. La Fête des célibataires, moment de fièvre acheteuse dans tout le pays, n’a pas tenu ses promesses. Le 11 novembre, la firme n’a enregistré une hausse de ses ventes que de 2,1 %, la plus petite croissance depuis 2010. Le dernier confinement chinois, particulièrement sévère, qui s’est terminé abruptement en janvier, a laissé des traces. Pour la première fois, une bonne partie de la population a expérimenté la dureté du régime. Une cassure qui s’ajoute au chômage grandissant de la jeunesse et à la crise de l’immobilier qui n’en finit pas et menace toute l’économie du pays. Faire repartir la machine Les chiffres de consommation en octobre, publiés ce jeudi 16 novembre, sont certes meilleurs qu’attendus, avec 7,6 % de hausse. De plus, le FMI a relevé, le 7 novembre, sa prévision de croissance du pays pour 2024 à 5,4 % et la production industrielle relève la tête. Mais il faudra que cette situation s’installe durablement pour que la confiance revienne. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le démantèlement de l’empire Alibaba, ou la fin d’une époque pour la Chine Alibaba est à l’image de son pays, en plein questionnement. En septembre, le PDG de la société, Daniel Zhang, qui devait prendre la tête de la division indépendante du cloud, a brutalement annoncé son départ. Le nouveau patron du groupe, Eddie Wu, doit faire repartir la machine avec de nouveaux hommes. Et pour ne rien arranger, la holding familiale de Jack Ma vient de faire savoir, selon le Financial Times, qu’elle allait vendre 10 millions d’actions représentant 840 millions de dollars (774,7 millions d’euros). Pas le meilleur indicateur de confiance.
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