Des ouvriers du textile manifestent pour obtenir des augmentations de salaire, à Mirpur, à Dacca, le 31 octobre 2023. MAHMUD HOSSAIN OPU / AP Les fronts se multiplient au Bangladesh. Depuis plusieurs semaines, les rues de la capitale, Dacca, sont le théâtre de violentes manifestations qui ne cessent de faire rage. D’un côté, l’opposition réclame depuis des mois la démission de la première ministre, Sheikh Hasina, à l’approche des prochaines élections, prévues en janvier 2024. Et depuis deux semaines environ, les ouvriers du textile ont eux aussi commencé à battre le pavé dans les grandes zones industrielles et à Dacca pour obtenir l’augmentation de leur salaire minimum. Alors que de nouvelles négociations se déroulaient mardi 7 novembre, des milliers de travailleurs du prêt-à-porter ont à nouveau manifesté à Gazipur, située au nord de Dacca. Il y a quelques jours, quelque 600 usines textiles ont été contraintes de fermer leurs portes dans les pires manifestations salariales qu’a connues le pays au cours de ces dix dernières années. Les routes ont été bloquées, plusieurs usines incendiées, des dizaines d’autres vandalisées. Deux ouvriers sont morts dans ces violences. Les salariés réclament que leur rémunération mensuelle, d’environ 8 000 takas (soit 68 euros), soit quasiment multipliée par trois pour atteindre les 23 000 takas (195 euros). Si le comité du salaire minimum pour l’industrie textile du Bangladesh, mis en place par le gouvernement, a annoncé mardi qu’il augmenterait le salaire mensuel de base des 4 millions d’ouvriers du secteur d’environ 56 % à partir du 1er décembre, l’offre jugée trop faible a immédiatement été rejetée par les syndicats. Inflation galopante La proposition initiale de l’Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh d’augmenter le salaire minimum mensuel d’à peine 25 %, pour le porter à 90 dollars (84 euros), avait mis le feu aux poudres. Compte tenu de l’inflation galopante – près de 10 % en octobre – et de la dépréciation du taka par rapport au dollar américain, les ouvriers n’ont été augmentés depuis 2018, date de la dernière révision de salaire, que de l’équivalent de moins d’un dollar. « Sans les 23 000 takas que nous réclamons, il nous est impossible de survivre : une fois que j’ai payé le loyer de notre chambre et l’école de ma fille, il ne me reste presque rien pour manger. Je n’ai qu’une fille et pourtant je ne parviens pas à joindre les deux bouts », explique Laizu Akter, une ouvrière de 35 ans dont l’usine de Gazipur a été incendiée plusieurs jours auparavant. A quelques mois des élections législatives, programmées au mois de janvier 2024, le gouvernement n’a aucun intérêt à ce que le conflit social s’envenime. Le Bangladesh est le deuxième plus gros exportateur de vêtements de prêt-à-porter derrière la Chine. Avec près de 3 500 usines, ce secteur travaille essentiellement à destination des grandes marques occidentales comme Gap, H&M, Hugo Boss ou encore Adidas et se trouve au cœur de l’économie du pays. Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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Au Bangladesh, des milliers de travailleurs du textile manifestent, l’opposition bloque les routes
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