Les dirigeants du G20 réunis au Raj Ghat, le mémorial du Mahatma Gandhi, avec le premier ministre indien Narendra Modi, à New Delhi, le 10 septembre 2023. KENNY HOLSTON / POOL VIA REUTERS La colère de Kiev est à la mesure des concessions faites par les Occidentaux dans leur bras de fer avec les pays émergents. A peine les conclusions du sommet du G20 de New Delhi avaient-elles été finalisées que les autorités ukrainiennes ont fait connaître leur amertume. « En ce qui concerne l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le G20 n’a pas de quoi être fier », a critiqué, samedi 9 septembre, le porte-parole du ministère ukrainien des affaires étrangères, Oleg Nikolenko. Ni le dirigeant russe, Vladimir Poutine, ni son partenaire chinois, Xi Jinping, tous les deux absents, ne sont intervenus lors du sommet, pas même en visioconférence. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, non plus, à son grand regret. Mais en coulisse, le premier ministre indien, Narendra Modi, et ses équipes ont négocié un laborieux compromis qui ne condamne pas la Russie et fait ainsi la part belle aux positions défendues par les pays émergents soucieux de ne pas choisir leur camp entre Moscou et Kiev. Après dix-huit mois de guerre, ce dénouement donne une idée du rapport de force entre les alliés occidentaux de Kiev et les capitales du « Sud global », dont celles des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), en dépit de l’isolement persistant de Moscou. Lire aussi la chronique : Article réservé à nos abonnés « Dans un système international en pleine fragmentation, la rivalité entre la Chine et l’Inde s’exacerbe à l’ombre du G20 » « Recours inadmissible » aux armes nucléaires La déclaration finale appelle certes, sans désigner explicitement la Russie, « à respecter les principes du droit international, y compris l’intégrité et la souveraineté territoriales, le droit humanitaire international et le système multilatéral qui préserve la paix et la stabilité ». « Le recours ou la menace d’un recours à des armes nucléaires est inadmissible », est-il aussi dit de façon générale, alors que Moscou agite cette éventualité pour dissuader les Occidentaux d’intervenir directement dans le conflit. Cependant, le texte ne fait pas mention de l’« agression » russe en Ukraine, expression pourtant reprise en novembre 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali, à l’époque dans une référence à une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies qui avait condamné « dans les termes les plus vifs l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine ». Voici dix mois, le communiqué final avait aussi rappelé que « la plupart des membres du G20 ont condamné la guerre en Ukraine ». Une précision qui n’est pas reprise noir sur blanc à New Delhi. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le G20, un sommet toujours profondément divisé au sujet de la guerre en Ukraine En réalité, les alliés de Kiev ont renoncé à obtenir des conclusions plus fermes, afin de permettre à Narendra Modi de bâtir un consensus acceptable par tous, y compris par la Russie, qui a pu compter sur le soutien de la Chine pour durcir ses positions. En séance, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, aurait même martelé que l’Ukraine serait responsable de la guerre. Il s’est ensuite réjoui des conclusions du sommet qualifiées de « jalon important » dans la bataille diplomatique qui se joue en marge des combats en Ukraine. « Nous avons été capables de déjouer les tentatives de l’Occident pour “ukrainiser” l’ordre du jour du sommet », s’est-il félicité. Il vous reste 50% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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