Au Kazakhstan, l’inquiétant recul de la mer Caspienne



Sur les bords de la mer Caspienne, à Aktaou (Kazakhstan), en novembre 2019. ALAMY STOCK PHOTO Comme chaque matin, Sonia, une sexagénaire retraitée (qui n’a pas souhaité communiquer son nom) effectue sa séance de sport sur la promenade piétonne d’Aktaou, cité portuaire du Kazakhstan, face à la mer Caspienne. Le recul du rivage ? « Bien sûr, tout le monde le voit ! », s’écrie-t-elle, en montrant du doigt des rochers et plantes sauvages, sous la promenade. « Avant, l’eau arrivait jusqu’ici », à des dizaines de mètres du niveau actuel. Plus loin sur la côte, de petits coquillages tapissent encore le sable, à bonne distance des premières vagues d’eau salée. Eux aussi sont le signe qu’il y a encore quelques années l’eau était là, avant qu’elle commence à reculer, sans discontinuer depuis 2006. Selon l’Institut d’hydrobiologie et d’écologie du Kazakhstan, la profondeur de cette mer intérieure quasi de la taille de la Norvège (371 000 kilomètres carrés), située entre l’Europe et l’Asie, se réduit de 25 centimètres par an. Au total, la profondeur de la mer Caspienne a diminué de 2 mètres depuis 2000 et, en dix-huit ans, elle se serait rétrécie de 22 000 kilomètres carrés, une surface dont la moitié se situe dans la partie kazakhe. Pour cette république d’Asie centrale, la situation n’est pas sans rappeler le sort de la mer d’Aral, entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, qui s’est asséchée à 90 % pendant l’époque soviétique. La mer « respire » Les scientifiques ne sont pas aussi inquiets concernant la mer Caspienne, bien que les raisons de la diminution de celle-ci soient toujours débattues. Certains attribuent ce phénomène au réchauffement climatique et aux mouvements des plaques tectoniques ; d’autres l’expliquent par le fait que la mer « respire », alternant naturellement des périodes de régression et de transgression. Entre 1930 et 1977, la mer Caspienne a de fait reculé de près de 30 mètres sur les côtes du Kazakhstan, avant de laisser place, entre 1978 à 1995, à une période de forte élévation du niveau de l’eau. Au point que certaines villes côtières du pays ont été partiellement inondées. « Beaucoup se souviennent de cette période d’augmentation de l’eau, c’est pour cela que peu de gens s’inquiètent réellement de ce problème », souligne Kirill Osin, écologue et militant. Sollicité par Le Monde, le ministère des ressources en eau et de l’irrigation assure ainsi qu’« il n’y a actuellement aucun problème d’assèchement de la mer Caspienne ». « Bien entendu la baisse du niveau de la mer aura des conséquences négatives, ce qui nécessite une étude », précise-t-on au ministère. Il vous reste 65.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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