Le nouveau président du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayake, s’entretient avec les chefs militaires et de police après avoir prêté serment en tant que président au secrétariat présidentiel, à Colombo, Sri Lanka, le 23 septembre 2024. SRI LANKA PRESIDENT MEDIA / VIA REUTERS Sitôt investi, le nouveau président de gauche du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayake, a dissous mardi 24 septembre le Parlement, convoqué des élections législatives anticipées en novembre et nommé un gouvernement provisoire. Marxiste de formation mais largement converti depuis à l’économie de marché, M. Dissanayake, 55 ans, a été largement élu samedi, deux ans après la grave crise économique qui a imposé à son pays une cure d’austérité brutale et impopulaire. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Sri Lanka, les électeurs portent un marxiste à la tête du pays, ravagé par cinq ans de crise Ajouter à vos sélections Comme il s’y était engagé, il a dissous le parlement et fixé au 14 novembre la date des législatives anticipées, près d’un an avant la fin de la mandature actuelle. Selon l’annonce publiée en soirée dans le journal officiel du gouvernement, le nouveau parlement tiendra sa première session le 21 novembre. La présidence a par ailleurs annoncé que M. Dissanayake s’adresserait au pays mercredi soir. Plus tôt mardi, le président a nommé au poste de première ministre Harini Amarasuriya, 54 ans, l’une des trois seuls députés issus de son parti, le Front de libération du peuple (JVP) d’obédience marxiste, dans le parlement élu en 2020 (225 sièges). Professeure d’université, très engagée dans la défense des droits des minorités et de l’égalité des genres, la nouvelle cheffe du gouvernement provisoire a également hérité des portefeuilles de la justice, de l’éducation, de la santé et du travail. Le deuxième député du JVP, Vijitha Herath, a été chargé des affaires étrangères et de la sécurité publique. Quant au président, il expédiera lui-même les affaires courantes des ministères de la défense, de l’énergie et de l’agriculture jusqu’aux législatives. « C’est le plus petit gouvernement de l’histoire du Sri Lanka », s’est amusé devant la presse un dirigeant du JVP, Namal Karunaratne. Grave crise économique Le Sri Lanka a connu il y a deux ans la plus grave crise économique de son histoire, qui l’a contraint à faire défaut sur sa dette publique, alors évaluée à 46 milliards de dollars. Des semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l’inflation avaient causé en juillet 2022 la chute du président Gotabaya Rajapaksa. En échange d’un plan d’aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) accordé par le Fonds monétaire international (FMI) en 2023, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d’impôts et les coupes dans les dépenses publiques. L’économie du pays a repris depuis quelques couleurs mais reste fragile, selon le FMI. Mais ce régime a nourri la colère de nombreux Sri Lankais. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les rêves brisés de réconciliation au Sri Lanka Ajouter à vos sélections Pendant sa campagne, M. Dissanayake a vu sa popularité grimper en flèche en dénonçant les élites « corrompues » responsables selon lui de la faillite de 2022 et en promettant de baisser les taxes sur les produits de première nécessité. Avant même l’annonce de sa victoire, il a confirmé qu’il voulait renégocier l’accord signé avec le FMI. L’institution financière s’est dite lundi prête à en discuter avec lui. « Nous nous réjouissons de bientôt travailler avec le président Dissanayake et son équipe pour confirmer les progrès déjà difficilement réalisés », a déclaré l’un de ses porte-parole. Le Monde Application La Matinale du Monde Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer Télécharger l’application Le nouveau Parlement doit ainsi valider un accord de restructuration de sa dette annoncé la semaine dernière. Cet accord prévoit une décote de 27 % sur les 12,5 milliards d’obligations souveraines détenus par les créanciers privés du pays. Anura Kumara Dissanayake n’a pas caché les difficultés qui l’attendent. « Je suis tout à fait conscient de l’importance du mandat que j’ai reçu », a-t-il dit lundi lors de son discours d’investiture. « Je ne suis pas magicien (…) je ferai de mon mieux ». Le Monde avec AFP Réutiliser ce contenu
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