Dans une rue de Katmandou inondée, le 29 septembre 2024. NAVESH CHITRAKAR / REUTERS Trois jours de pluie continue ont transformé, samedi 29 septembre, la rivière Bagmati qui traverse Katmandou, la capitale népalaise, située à 1 355 mètres d’altitude, en un monstre de boue, charriant troncs d’arbre, mats électriques, voitures, déchets en tout genre. La vallée de Katmandou est la région la plus touchée par les inondations meurtrières qui frappent l’ancien royaume himalayen. La ville de près d’un million d’habitants a reçu la moitié de la moyenne annuelle de précipitations en seulement deux jours, plus de 700 mm de pluie. Au moins 73 personnes ont péri dans la vallée. Le bilan provisoire à l’échelle du pays s’élevait à 193 morts et plus d’une trentaine de disparus, lundi 30 septembre. Plus de 4 000 personnes ont été secourues, mais la colère gronde contre le gouvernement, critiqué pour la lenteur des opérations de secours et le manque d’équipement pour faire face à une telle catastrophe. Le premier ministre Khadga Prasad Sharma Olii se trouvait aux Etats-Unis pour la 79e assemblée générale des Nations unies. Les eaux en furie ont également envahi à quelques kilomètres de Katmandou l’ancienne capitale royale, Patan, un joyau médiéval. La rivière Bagmati a atteint non loin une hauteur de 6,16 mètres à Khokana, soit 2,16 mètres au-dessus du seuil d’alerte. Les habitants ont dû sauter de toit en toit pour échapper à la montée des eaux. Urbanisation anarchique Ces pluies torrentielles sont tombées sur des sols déjà saturés par une mousson abondante, 25 % plusimportante que la normale dans la capitale. « Je n’ai jamais vu d’inondations de cette ampleur à Katmandou », a déclaré Arun Bhakta Shrestha, le responsable des risques climatiques et environnementaux du Centre international pour le développement intégré des montagnes (Icimod), un centre de référence, situé à côté de Katmandou. Selon cet expert, un système de basse pression dans le golfe du Bengale et la position plus septentrionale que d’habitude du creux de mousson sont à l’origine des pluies tardives et exceptionnellement intenses de cette fin septembre. La mousson au Népal s’étale normalement de mi-juin à mi-septembre. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le Népal, champion du monde de l’instabilité politique Ajouter à vos sélections Si les dégâts sont si importants dans la capitale, c’est en raison de l’urbanisation non contrôlée et anarchique. Katmandou a poussé comme un champignon pour accueillir depuis trois décennies un flux constant de migrants venus des campagnes, à la recherche d’emplois, de services de santé et d’éducation. La mégapole, très congestionnée, exposée aux risques de tremblement de terre, continue de s’étendre dans la vallée, augmentant la pression sur des ressources limitées. Autrefois idyllique, cette vallée riche d’un patrimoine exceptionnel, est devenue une immense zone urbaine, dévorant les espaces agricoles et naturels. Il vous reste 48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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