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Comment la Chine contrôle la parole de ses économistes, contraints à l’optimisme

by News7
Comment la Chine contrôle la parole de ses économistes, contraints à l’optimisme



Dans le quartier financier de Pékin, en avril 2021. GREG BAKER / AFP Parfois, ils viennent directement dans le hall de la tour de bureaux, dans le quartier d’affaires d’une grande ville. Le plus souvent, ils appellent au téléphone. Les hommes de l’appareil sécuritaire chinois gardent cet économiste d’un établissement financier internationalement reconnu à l’œil et le lui font savoir. Un passage à la télévision, des citations dans la presse ou une note d’analyse pas assez optimistes sur la situation de l’économie nationale ? Le smartphone sonnera juste après ou le lendemain, mais il sonnera. Impossible d’ignorer ces hommes et, de toute façon, ils sont également en contact avec le service de relations publiques du groupe. Dans certains cas, ils voudront aller prendre un café. La teneur de la conversation est souvent la même : pas de détails techniques, mais un échange du type : « Vous avez vu le dernier document du gouvernement ? L’économie fait face à des défis, mais elle se porte relativement bien », résume l’économiste, requérant l’anonymat pour des raisons de sécurité. « Le message implicite, c’est qu’on te suit de près. On était la dernière profession qui pouvait ouvertement commenter, car il y a besoin de l’économie, mais ça a changé », ajoute-t-il. Il a déjà assisté à des conférences en ligne, pas publiques mais ouvertes aux investisseurs, qui, subitement, se coupaient quand l’un des participants exprimait un point de vue moins enjoué sur la trajectoire de la croissance. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’industrie permet un rebond de la croissance en Chine au premier trimestre Ajouter à vos sélections La progression de l’activité ralentit et les citoyens se demandent si, comme le leur a promis le pouvoir, demain sera vraiment meilleur qu’hier. Mais pas question pour les autorités de laisser le doute s’installer publiquement. La pratique de la censure, qui avait déjà largement cours et n’a cessé de se renforcer ces dernières années sur les questions politiques et sociales, a largement gagné le champ économique. Celui-ci bénéficiait auparavant d’une certaine marge de manœuvre, certainement pas pour critiquer ouvertement les choix des dirigeants, mais pour débattre de la situation, informer sur la santé des entreprises ou les perspectives des marchés d’actions. Cette liberté toute relative était perçue comme une nécessité pour permettre à l’économie de fonctionner – les entreprises, la Bourse, les investisseurs ont besoin d’informations pour faire leurs arbitrages et l’empire du Milieu étant le catalyseur de la croissance mondiale, les nouvelles étaient généralement encourageantes. La presse économique, par exemple les magazines Caijing puis Caixin, fondés par la rédactrice en chef Hu Shuli, avait un espace pour de l’investigation avec ses limites, à savoir des articles souvent retirés, ou des pressions. En tout cas, elle jouissait de davantage de latitude que les journaux généralistes, qui ont vu la liste transmise quotidiennement des sujets à ne pas traiter s’allonger encore et toujours. Il vous reste 71.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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