Dans le centre de l’Inde, le coton vert tisse sa toile



Le ciel est bas, la terre grasse et collante. Collines, plaines et forêts se sont fondues dans un vert tendre uniforme. La mousson, arrivée à la mi-juin, a plongé la région de Chhindwara, au Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde, dans un bain d’humidité salvateur pour la nature et suffocant pour les hommes. Personne ne s’en plaint ; sans ce cadeau du ciel, rien ne pousserait ici, et surtout pas le coton, principale culture du Madhya Pradesh, avec le maïs et les oranges. Un ouvrier agricole travaille la terre d’un champ de la ferme biologique de Sagar Dhomne à Jobani, dans l’Etat de Madhya Pradesh en Inde, le 3 juillet 2024. Dans les champs, les plants sortent déjà de terre, en ce début juillet, et des groupes de femmes en sari, courbées, sèment de nouvelles graines à l’aide d’une serpette, pour maximiser la future récolte de l’or blanc. Celle-ci n’aura pas lieu avant novembre ; d’ici là, bien des aléas peuvent anéantir les espoirs des petits paysans de Chhindwara, les ravageurs, les maladies, les intempéries et les animaux sauvages, notamment les tigres, nombreux dans cette région. La taille moyenne des exploitations est inférieure à 1,8 hectare et apporte de maigres revenus. Sagar Dhomne, 40 ans, a connu des années fastes, et des années noires plus nombreuses encore, et pourtant il aborde la nouvelle saison avec optimisme, un sourire en bandoulière. A Jobani, un village de cent cinquante familles, essentiellement de caste défavorisée, il a repris la petite exploitation héritée de son grand-père, à peine plus de un hectare de coton et de lentilles, bordé de tecks. Le paysan s’empare d’une poignée de terre pour montrer combien elle est meuble, riche, vivante. « Regardez tous ces vers, ils permettent d’aérer le sol, de faire circuler l’eau. La terre reste humide. » Les pollinisateurs et autres insectes utiles sont également revenus sur la parcelle. Jusqu’en 2019, il utilisait, comme son père avant lui, une variété de coton génétiquement modifié et arrosait ses champs de pesticides et d’engrais chimique. Au fil des ans, ses sols se sont appauvris, asséchés, devenant de moins en moins fertiles. Désormais, il cultive uniquement en bio. Sagar Dhomne nourrit et protège ses plants avec des produits naturels disponibles localement : du compost réalisé à partir de restes de végétaux, des engrais issus de la fermentation de feuilles, d’arbres et d’urine de vache, des antiparasites fabriqués à l’aide de déjections de vache et de feuilles ou de plantes médicinales. Fermiers volontaires Il a rejoint une cohorte de fermiers volontaires, enrôlés par le Fonds mondial pour la nature (WWF), pour tenter de régénérer un territoire stratégique, riche d’une biodiversité exceptionnelle, mais fragilisé par les activités humaines. Le Madhya Pradesh abrite ainsi la plus grande population de tigres de l’Inde, 785 sur 3 682, selon les derniers comptages. Il vous reste 86.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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