L’alerte est prise très au sérieux, à neuf mois de l’ouverture des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris. Le service français chargé de la lutte contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) a mis au jour une campagne, relayée en grande partie depuis l’Azerbaïdjan, appelant au boycott des jeux, l’été prochain. L’opération, détectée en juillet dernier, visait en particulier à faire douter des capacités de la France à organiser les épreuves après les émeutes suscitées par la mort du jeune Nahel M. à la fin juin, tué par le tir d’un policier à la suite d’une course-poursuite à Nanterre. « Les investigations ont montré qu’au moins un acteur étranger proche de l’Azerbaïdjan avait agi, via l’utilisation de procédés inauthentiques, dans l’objectif de porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les JOP 2024 », est-il écrit dans un rapport de Viginum, organisme rattaché au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, placé sous l’autorité de la première ministre, Elisabeth Borne. « Comptes inauthentiques » sur X D’après ce rapport consulté par Le Monde, lundi 13 novembre, « cette manœuvre coordonnée est le fruit de deux modes opératoires distincts ». Le premier, orchestré sur la plate-forme X, « consiste en l’amplification d’un appel au boycott des JO de Paris par des comptes inauthentiques étrangers », dont une partie présentent des liens avec l’Azerbaïdjan, même si rien ne prouve à ce jour, selon Viginum, que le régime à la tête de cet ancien Etat soviétique soit à l’origine de la campagne. Les investigations menées ont cependant permis d’identifier « un compte X primo-diffuseur, dont l’identité déclarée correspond à celle d’un membre du Parti du nouvel Azerbaïdjan », un certain Muxtar Nagiyev, responsable local de la formation du président Ilham Aliev. Lire aussi : Un an de désinformation et d’errements stratégiques d’Elon Musk sur Twitter, puis sur X en 40 dates-clés Pendant un très court laps de temps, du 26 au 27 juillet, plus de 1 600 posts accompagnés de visuels et de hashtags similaires ont été publiés sur X, par 91 sites qualifiés d’« inauthentiques », présentant souvent des caractéristiques communes : « Quarante d’entre eux ont été créés au cours du mois de juillet 2023 et ont depuis publié uniquement des contenus appelant à boycotter les Jeux olympiques », explique Viginum. L’un de ces comptes a également diffusé une « vidéo hostile » à la tenue des JO de Paris visionnée plusieurs millions de fois sur X. Le document d’une durée de trente-neuf secondes « établissait un parallèle entre des scènes d’émeutes et de compétitions sportives », selon Viginum. Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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