Au Bangladesh, les affrontements meurtriers entre manifestants et partisans de Sheikh Hasina font au moins 77 morts



Marche de protestation contre la première ministre, Sheikh Hasina, et son gouvernement, à Dacca (Bangladesh), le 3 août 2024. RAJIB DHAR / AP Il s’agit de l’une des journées les plus meurtrières depuis le début des manifestations antigouvernementales dans le pays. Des affrontements entre des manifestants réclamant la démission de la première ministre bangladaise, Sheikh Hasina, et des partisans du parti au pouvoir, la Ligue Awami, ont fait au moins 77 morts, dimanche 4 août, selon la police et des hôpitaux. Parmi eux, « au moins quatorze policiers » ont été tués et 300 blessés, a précisé le porte-parole de la police, Kamrul Ahsan. Le bilan sanglant de dimanche porte à au moins 283 le nombre de personnes tuées depuis le début des manifestations en juillet. Les camps rivaux se sont affrontés à coups de bâtons et de couteaux, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles. Les morts ont été signalées dans la capitale Dacca et dans les districts de Bogra, Pabna et Rangpur, dans le nord du pays, ainsi qu’à Magura, dans l’Ouest, à Comilla, dans l’Est, et à Barisal et Feni, dans le Sud. Selon la police et les hôpitaux, au moins douze personnes ont été tuées dans la capitale, dont plusieurs par balles, tandis que dix-huit personnes ont perdu la vie dans le district de Sirajganj, dans le nord du pays. Face à ces heurts dans plusieurs villes, en particulier à Dacca, la capitale de 20 millions d’habitants, un ancien chef de l’armée a appelé au retrait des troupes de la rue. « La violence choquante au Bangladesh doit cesser », a lancé dimanche soir le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. « Alors qu’une marche sur Dacca est prévue pour demain, et que le mouvement de jeunesse du parti au pouvoir se mobilise contre les protestataires, je redoute fortement de nouvelles pertes en vie humaine et davantage de destructions », a déclaré le Haut-Commissaire Volker Türk dans un communiqué. Des milliers de Bangladais s’étaient rassemblés dimanche matin sur une place de Dacca, pour exiger la démission de Mme Hasina, après plus d’un mois de contestation initialement dirigée contre des quotas d’emploi dans la fonction publique. Ils répondaient à l’appel d’une coalition étudiante, Students Against Discrimination, qui avait exhorté la veille à un vaste mouvement de désobéissance civile. Certains ont agité un drapeau bangladais sur un véhicule blindé sous le regard des soldats, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l’AFP. Lors de la manifestation à Dacca (Bangladesh), le 4 août 2024. MOHAMMAD PONIR HOSSAIN / REUTERS La police a fait savoir que des manifestants avaient pris d’assaut un poste de police dans la ville d’Enayetpur, dans le nord-est du pays. « Les terroristes ont attaqué le poste de police et tué onze policiers », a déclaré Bijoy Basak, inspecteur général adjoint. « Il y a eu des affrontements entre des étudiants et des hommes du parti au pouvoir », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’inspecteur de police Al Helal, selon lequel deux jeunes hommes ont été tués dans le district de Munshiganj, à Dacca. « L’un a été blessé à la tête et l’autre présentait des blessures par balle », a-t-il précisé. Un autre policier, qui a refusé de s’identifier, a affirmé que toute la ville s’était transformée « en champ de bataille » et qu’une foule de plusieurs milliers de manifestants avait mis le feu à des voitures et des motos près d’un hôpital. Au moins 214 personnes tuées depuis le début de la contestation Un des leaders de Students Against Discrimination, Asif Mahmud, avait prévenu dimanche ses concitoyens qu’ils devaient être « prêts à se battre ». « Préparez vos bâtons de bambou et libérez le Bangladesh », a-t-il écrit sur Facebook. En parallèle, le secrétaire général de la Ligue Awami, Obaidul Quader, avait appelé les Bangladais à se rassembler dimanche dans « tous les quartiers de Dacca » et « dans tous les districts » du pays. L’accès à Internet coupé Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l’arrivée au pouvoir il y a quinze ans de Mme Hasina. Pour rétablir l’ordre, son gouvernement a notamment coupé l’accès à Internet, imposé un couvre-feu et déployé l’armée. Le Monde Application La Matinale du Monde Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer Télécharger l’application D’anciens officiers militaires ont depuis rejoint le mouvement de contestation des étudiants. L’ancien chef de l’armée bangladaise, le général Ikbal Karim Bhuiyan, a même changé sa photo de profil sur Facebook, faisant désormais apparaître un fond rouge en signe de soutien. Samedi, l’actuel chef de l’armée, le général Waker-uz-Zaman, s’est adressé à ses officiers, leur affirmant que l’armée du Bangladesh était « le symbole de la confiance du peuple ». L’armée bangladaise « a toujours été aux côtés du peuple et le sera toujours », a-t-il dit, selon un communiqué de l’armée. La contestation a commencé après la réintroduction, en juin, d’un système réservant à certains candidats plus de la moitié des emplois de la fonction publique, dont près d’un tiers aux descendants d’anciens combattants de la guerre d’indépendance du Bangladesh. Avec environ 18 millions de jeunes Bangladais sans emploi, d’après les chiffres du gouvernement, cette décision a profondément heurté les diplômés. Pour les détracteurs de ces quotas, ceux-ci visent à réserver des postes au sein de la fonction publique aux proches de la Ligue Awami, le parti de la première ministre. Quarante-sept entreprises du secteur textile se sont dites « solidaires », dimanche, du mouvement de contestation. « Nous ne pouvons pas rester silencieux et regarder des innocents perdre la vie et des revendications qui ne sont pas entendues », ont-elles écrit dans un communiqué commun. Lire aussi | Au Bangladesh, la révolte contre l’absolutisme Ajouter à vos sélections Le Monde avec AFP Réutiliser ce contenu



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