Le Tadjikistan prohibe les « vêtements noirs », après l’interdiction du hidjab



Les Tadjiks en habits traditionnels célèbrent Navruz, une fête marquant le premier jour du printemps en Asie centrale, à Douchanbé, le 23 mars 2024. NASIM ISAMOV / AFP Au Tadjikistan, l’islam est de nouveau au centre des préoccupations du gouvernement. Le 26 juillet, le conseil des oulémas, soutenu par l’Etat, a émis une fatwa, un décret religieux interdisant aux femmes de porter des « vêtements noirs », mais aussi « moulants et transparents ». Cette décision fait suite à la loi, votée le 19 juin, par le Majlissi milli, la Chambre haute du Parlement tadjik, concernant l’« ordonnancement des traditions et des rites ». Une mesure qui instaure l’interdiction de porter des « vêtements étrangers à la culture tadjike », un terme largement utilisé par les autorités pour décrire la tenue vestimentaire islamique, qu’elles considèrent comme un signe extérieur d’extrémisme religieux. Interdit partout dans l’espace public, le hidjab, en particulier, est visé par cette loi, signée dès le lendemain du vote de la loi par le président Emomali Rahmon, au pouvoir depuis 1992. Cette ordonnance est la dernière d’une longue série de réformes présentées par le gouvernement, visant à « protéger les valeurs culturelles nationales, ainsi qu’à prévenir la superstition et l’extrémisme ». La barbe, une « menace » Les personnes qui s’aviseraient d’enfreindre la loi sont passibles d’une amende allant de 7 920 somonis (près de 690 euros), pour les citoyens, à 54 000 somonis, pour les fonctionnaires, et jusqu’à 57 600 somonis s’il s’agit d’une personnalité religieuse. Un groupe de travail conjoint du ministère de la culture, du comité des femmes et du comité des affaires religieuses a été créé pour déterminer un code vestimentaire compatible avec les « valeurs et les traditions tadjikes ». Après avoir interdit le hidjab dans les institutions publiques, y compris les universités et les bâtiments gouvernementaux, en 2009, le régime de Douchanbé a imposé un certain nombre de règles destinées à empêcher la résurgence de l’islam et l’influence religieuse des pays voisins. Tandis que le comité des affaires religieuses redouble d’efforts pour fermer les mosquées, les hommes, quant à eux, sont incités à ne pas porter une longue barbe. D’après, Abdullo Rahmonzoda, chef du comité de la jeunesse et des sports du Tadjikistan, ces dernières seraient une « expression de solidarité avec les groupes terroristes » et représenteraient une « menace pour la sécurité nationale ». Une « logique de criminalisation de l’islam » Ces interdictions, dans un pays où plus de 90 % des habitants sont musulmans, s’inscrivent dans la campagne contre l’islamisme radical, menée par le président Rahmon depuis 1997. Une politique répressive et autoritaire présentée par le gouvernement comme un garde-fou contre les dérives religieuses. A partir de 2015, plusieurs centaines d’hommes, rejoints par quelques cadres d’élite, parmi lesquels Goulmourod Khalimov, l’ancien chef des forces spéciales de la police du Tadjikistan, sont partis combattre dans les rangs de l’organisation Etat islamique. Revendiqué par le groupe djihadiste, l’attentat du Crocus City Hall, près de Moscou, en mars, dans lequel un ressortissant tadjik était impliqué, n’a fait que renforcer la méfiance du régime face à une radicalisation de la population. Il vous reste 15% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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