Administration d’un vaccin contre la poliomyélite, à Kaboul, le 29 mars 2021. RAHMAT GUL / AP Le repli du régime taliban sur lui-même connaît de moins en moins de limites. Après les fins de non-recevoir de Kaboul aux appels de la communauté internationale à revoir sa politique d’effacement des femmes de la vie sociale, les islamistes afghans s’en prennent à la campagne de l’ONU contre la poliomyélite. Lundi 16 septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé que la vague de vaccinations qui devait débuter en Afghanistan était suspendue. Ce pays est le dernier, avec le Pakistan, où la maladie reste endémique. Le directeur régional de l’OMS, Hamid Jafari, a déclaré que des discussions étaient en cours avec les autorités talibanes afin de déterminer une nouvelle date. Mardi, après avoir démenti cet arrêt brutal, un porte-parole du ministère de la santé a précisé que son pays « souhait[ait] utiliser des méthodes plus professionnelles pour arrêter la propagation de la maladie ». Selon l’OMS, les talibans veulent que les vaccinations soient réalisées dans les mosquées ou des lieux publics sous leur contrôle et non plus selon la méthode du porte-à-porte. Faible taux d’inclusion des femmes Pour l’ONU, cette décision « peut avoir des effets désastreux, en particulier sur la population jeune du pays ». Ce virus est l’un des plus infectieux au monde et les enfants non vaccinés sont les premiers propagateurs d’une maladie pouvant causer la mort ou la paralysie. L’interruption de cette campagne de vaccination pourrait réduire à néant des années de progrès en matière de protection sanitaire. L’OMS rappelle que dix-huit cas de polio ont été recensés en Afghanistan au cours des huit derniers mois, essentiellement dans le sud du pays. Un chiffre en hausse par rapport à 2023 qui avait totalisé six cas. Diplomate, le docteur Hamid Jafari de l’OMS assure que « tous les partenaires sont en train de discuter pour comprendre la portée et l’impact de tout changement dans la politique actuelle d’éradication de la polio ». Ces discussions peuvent durer car elles ne portent pas seulement sur des questions d’efficacité, mais aussi, et surtout, sur l’idée que le régime se fait de sa souveraineté et de l’adéquation de la lutte contre la polio avec sa conception de la loi islamique. Lire aussi (en 2023): Article réservé à nos abonnés Polio : le virus refait surface malgré les efforts pour l’éradiquer Ajouter à vos sélections Au cours de l’été, l’OMS avait annoncé que l’Afghanistan et le Pakistan s’étaient engagés dans une « campagne intensive et synchronisée » pour améliorer la couverture vaccinale. Pour la première fois, depuis 2019, l’OMS avait pu faire, en juin, du porte-à-porte, ce qui a permis d’atteindre, selon elle, la majorité des enfants ciblés. Seule la province du sud de Kandahar, fief du chef suprême des talibans, le mollah Haibatullah Akhundzada, avait imposé le recours à des espaces publics transformés en lieux de vaccination, surtout des mosquées, ce qui est apparu « beaucoup moins efficace » d’après les experts de l’ONU. L’autre faille, disent ces derniers, porte sur « le taux global d’inclusion des femmes dans les campagnes de vaccination, de l’ordre de 20 %, ce qui a pour effet d’accroître le nombre d’enfants infectés ». Il vous reste 21.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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