Une usine de résines de BASF à Caojing, près de Shanghaï, en Chine, en octobre 2018. Doucement mais sûrement, l’Allemagne se prépare au « choc chinois » : le jour où l’industrie chinoise sera si performante qu’elle constituera une menace existentielle au made in Germany sur les marchés internationaux. Les signes en ce sens s’accumulent. Après l’automobile et les machines, Pékin se renforce dans la chimie, le troisième secteur où Berlin est leader mondial. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Face à la surproduction chinoise, la chimie européenne veut une Europe moins « naïve » Ajouter à vos sélections Pour l’instant, les chimistes allemands continuent à croire en leur compétitivité à condition de produire hors de leurs frontières. Début 2024, avec la baisse des prix de l’énergie, les industriels ont certes vu leur production locale repartir à la hausse, mais celle-ci reste 11 % en deçà de son niveau de 2021. Selon un sondage de l’institut IFO, paru le 7 août, 40 % des entreprises du secteur ont enregistré un déficit de commandes. « Ce n’est pas seulement un problème conjoncturel de court terme, explique-t-on à la fédération allemande de la chimie, le VCI. Dans certains secteurs de la chimie des matériaux de base, les coûts de production ici ne sont plus concurrentiels. » En cause, selon le lobby, « les exigences de la politique européenne climatique et environnementale », qui rendraient la production « trop coûteuse » et pousseraient les entreprises à délocaliser. A prix cassés Parallèlement, les entreprises soulignent le défi que pose la montée de la concurrence venue de Chine, qui a fortement développé ses capacités de production ces dernières années et vend ses produits sur les marchés à prix cassés, dans un contexte de faible demande domestique. Ce que le lobby se garde de préciser, c’est que certains grands groupes allemands alimentent aussi cette tendance. C’est le cas de BASF, un des leaders mondiaux de la chimie et entreprise ultradominante dans l’industrie allemande, qui investit 10 milliards d’euros dans la construction d’une nouvelle installation sur son complexe à Zhanjiang (Guangdong), dans le sud de la Chine. Le groupe estime que, d’ici à 2030, plus de 50 % des ventes mondiales de produits chimiques se feront dans ce pays et veut en prendre sa part. Dans le même temps, BASF a annoncé, en juillet, une nouvelle réduction de sa production en Allemagne. Deux installations spécialisées dans la fabrication d’herbicides cesseront leur activité à la fin de 2024, entraînant la disparition de 600 emplois. Le chimiste accélère son plan de restructuration annoncé en 2023, qui prévoit la suppression de 2 600 postes au sein du groupe, dont les deux tiers localement. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « L’Europe n’est plus la terre de la chimie moderne » Ajouter à vos sélections Cette érosion progressive de la base productive chimique allemande et des investissements au profit de la Chine est très critiquée par les syndicats et certains dirigeants outre-Rhin, car elle renforce la dépendance de l’entreprise à l’égard du géant asiatique et alimente le danger de désindustrialisation. Ce risque est déjà avéré dans l’automobile. Il vous reste 40.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source link