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En Azerbaïdjan, l’enquête interdite sur des cas de torture dans des prisons bénéficiant de fonds européens

by News7
En Azerbaïdjan, l’enquête interdite sur des cas de torture dans des prisons bénéficiant de fonds européens



La porte d’embarquement n’est qu’à quelques mètres. Sevinc Vaqifqizi, 34 ans, sait que ce sont sans doute ses derniers instants de liberté. A l’aéroport d’Istanbul, le 20 novembre 2023, la jeune journaliste azerbaïdjanaise enregistre un dernier témoignage vidéo à destination des réseaux sociaux, expliquant les raisons de son départ précipité vers Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, où vient d’être arrêté Ulvi Hasanli, le directeur du site d’information pour lequel elle travaille. « Nous tenons à vous informer que l’ordre d’arrestation d’Ulvi émane directement du président [azerbaïdjanais] Ilham Aliev », dit-elle. La journaliste Sevinc Vaqifqizi à l’aéroport d’Istanbul le 20 novembre 2023, alors qu’elle s’apprête à rentrer à Bakou, où Ulvi Hasanli, le directeur d’Abzas Media a déjà été arrêté. ABZAS MEDIA Le matin même, Ulvi Hasanli voyait débarquer chez lui une unité de police, venue fouiller son appartement avant de le conduire dans les bureaux d’Abzas Media, le site d’investigation en ligne qu’il dirige. Là, les policiers auraient mis la main sur 40 000 euros en espèces, qu’ils affirment avoir découverts dans le hall du journal. Selon Ulvi Hasanli, qui a pu brièvement se confier à des reporters avant son incarcération, cette somme d’argent aurait été volontairement posée là par les services azerbaïdjanais. Une pratique courante dans les pays de l’ancien bloc soviétique, souvent utilisée par les régimes en place pour discréditer des organisations aux yeux du public. Officiellement accusé de « trafic de devises étrangères », Ulvi Hasanli aurait été giflé et brutalisé à plusieurs reprises durant son arrestation. « On lui a dit : “pourquoi tu racontes des histoires sur la corruption et pas sur nos succès au Karabakh ?” », témoigne Sevinc Vaqifqizi sur son smartphone, avant de monter dans l’avion pour un destin quasi certain : celui de sa propre arrestation. « Je ne peux pas laisser Ulvi là-bas et vivre ma vie tranquillement dehors », explique-t-elle alors. Sans surprise, Sevinc Vaqifqizi a été arrêtée dès sa descente de l’appareil sur le tarmac de l’aéroport international Heydar-Aliev, du nom du père de l’actuel président, à la tête de l’ex-république soviétique jusqu’en 2003. Des journalistes persécutés ou emprisonnés Comme Ulvi Hasanli et Sevinc Vaqifqizi, quatre autres membres ou collaborateurs réguliers d’Abzas Media, Mahammad Kekalov, Nargiz Absalamova, Elnara Gassimova et Hafiz Babali, ont été également placés en détention ces dernières semaines. A la même période, le président Aliev a annoncé la tenue d’une élection présidentielle anticipée le 7 février. Dans ce pays qui borde la mer Caspienne, 151e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), où les journalistes sont régulièrement persécutés ou emprisonnés, Abzas Media fait figure d’ovni. Leurs dernières enquêtes encore en ligne égratignent un ministre et ses business lucratifs, révèlent des circuits de corruption dans le Haut-Karabakh, ou encore les actifs dissimulés de la famille du président Aliev. Des sujets sensibles pour un régime autoritaire qui n’a pas hésité à faire espionner la rédactrice en chef d’Abzas Media au moyen du logiciel espion Pegasus, comme l’organisation Forbidden Stories et ses partenaires l’ont révélé en juillet 2021. Il vous reste 85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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