En Corée du Nord, un dangereux repositionnement entre spirale nucléaire et alliance avec la Russie



Largement ignorée au cours du mandat de Joe Biden, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) reste jusqu’à présent ignorée des programmes des deux candidats à la présidence des Etats-Unis, Kamala Harris et Donald Trump. La révélation, marquée par la récente visite sur place du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, d’un nouveau site ultramoderne d’enrichissement d’uranium, situé à Kangsong, à l’ouest de Pyongyang, est une piqûre de rappel sur la montée en puissance de la RPDC. Lire aussi | La Corée du Nord tire de nouveaux missiles balistiques Ajouter à vos sélections Le régime de Pyongyang entend-il peser sur les élections américaines ? Sans doute, mais sans grande illusion. Depuis l’échec des pourparlers entre Kim Jong-un et Donald Trump, à Singapour (2018) puis à Hanoï (2019), « les dirigeants nord-coréens sont convaincus que les Etats-Unis n’accepteront jamais la RPDC comme une entité légitime, quel que soit le président », estime Robert Carlin, expert de la Corée du Nord, sur le site 38th North. Et Pyongyang cherche surtout à rétablir un rapport de force avec les Etats-Unis. « Nous devons nous préparer à une longue confrontation avec les Etats-Unis », avait déclaré Kim Jong-un à la suite du fiasco du sommet à Hanoï. L’échec de la « stratégie de la patience », misant sur les sanctions pour dissuader Pyongyang de poursuivre son programme nucléaire, prônée par Barack Obama et adoptée par Joe Biden, est patent. Les sanctions n’ont eu aucun effet. « Cet échec peut donner un avantage à Donald Trump, partisan d’un gel du programme nucléaire nord-coréen », estime Hong Min, de l’Institut coréen pour l’unification nationale, à Séoul, cité par NK News. Mais plus le temps passe et plus Pyongyang met la barre un peu plus haut. En rappelant les progrès accomplis en matière nucléaire à la veille des élections américaines, Pyongyang entend surtout rétablir un rapport de force avec Washington. Au cours des deux dernières années, un concours de circonstances a rebattu les cartes, favorisant un changement de cap de la stratégie de la RPDC. Depuis l’arrivée au pouvoir en Corée du Sud d’un président conservateur, Yoon Suk-yeol (élu en mars 2022), Pyongyang ne se fait plus aucune illusion sur le rôle d’intermédiaire avec les Etats-Unis que pourrait jouer Séoul – comme ce fut le cas de Moon Jae-in (président de 2017-2022), artisan des sommets entre Donald Trump et Kim Jong-un. De « pays frère » à « principal ennemi » Aussi la RPDC a-t-elle mis brutalement fin à la politique de rapprochement entre les deux Corées, commencée en juin 2000 lors de la rencontre à Pyongyang entre le président du Sud, Kim Dae-jung (1924-2009), et le dirigeant du Nord, Kim Jong-il (1941-2011). De « pays frère », la Corée du Sud est devenue le « principal ennemi » de la RPDC. Il vous reste 54.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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