LETTRE DE NEW DELHI Des étudiants protestent contre les allégations d’irrégularités, de fuites de documents et d’une augmentation suspecte de la liste de mérite aux examens nationaux de médecine, à Calcutta (Inde), le 25 juin 2024. DEBARCHAN CHATTERJEE / NURPHOTO VIA AFP La colère gronde parmi les aspirants médecins indiens. Un énième scandale de triche éclabousse le très compétitif examen d’entrée aux écoles de médecine de premier cycle. Après des mois, voire des années de préparation acharnée, quelque 2,4 millions d’étudiants ont planché, le 5 mai, pour tenter de décrocher l’une des 110 000 places disponibles. Mais lorsque les résultats sont tombés, le 4 juin, un nombre anormalement élevé de notes parfaites a éveillé les soupçons. Près de soixante-dix étudiants ont obtenu un score de 720/720, une prouesse qui relève quasiment de l’impossible, tant l’examen est difficile. L’an passé, seuls deux candidats avaient réussi cet exploit. Des accusations de fraude ont provoqué une véritable tempête. Des milliers d’étudiants ont manifesté pour demander l’annulation du concours, les partis d’opposition se sont saisis de la question au Parlement. « J’assure à la jeunesse de notre pays : ce gouvernement n’épargnera pas ceux qui vous trompent et vous arnaquent », a déclaré le premier ministre indien, Narendra Modi, le 3 juillet. Face à l’indignation générale, l’enquête a été confiée au Bureau central des investigations, le « FBI indien ». Des candidats ont affirmé avoir été sollicités par des rabatteurs leur promettant un accès aux questions, moyennant 3 millions de roupies (environ 33 000 euros). Plusieurs personnes ont depuis été arrêtées, accusées d’être membres d’un « gang de “solutionneurs” » qui divulguait les réponses des sujets à l’avance dans cinq Etats. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Inde, le désenchantement de la jeunesse diplômée Ajouter à vos sélections L’affaire est même arrivée devant la plus haute juridiction du pays. La Cour suprême examinait, lundi 8 juillet, les plaintes de plus de trente candidats réclamant la réorganisation des examens. « Près de trois millions d’étudiants sont désormais soumis à une pression psychologique inimaginable, à des difficultés financières et à une incertitude pédagogique », a regretté le politologue Pratap Bhanu Mehta dans une tribune publiée le 25 juin par le quotidien anglophone The Indian Express. Aucun concours n’est épargné Plusieurs autres tests ont été annulés ou reportés. Le concours permettant de devenir enseignant à l’université, auquel se sont présentés 900 000 candidats, a été invalidé le 19 juin. Cette fois-ci, les sujets se seraient retrouvés sur le dark Net et auraient circulé via la messagerie instantanée Telegram. Les tricheries de masse ne sont pas inhabituelles en Inde. En mars 2015, des images montrant des proches de candidats agrippés à la façade d’un centre d’examen pour leur souffler les réponses par les fenêtres avait fait le tour du pays et entraîné plus de mille arrestations. Un autre cliché d’aspirants militaires passant leur évaluation en slip, copie à même les genoux, pour les empêcher de tricher, s’était retrouvé en une des journaux en 2016. Une université du Karnataka avait demandé, en 2019, à ses étudiants d’enfiler des boîtes en carton sur leur tête pour éviter qu’ils ne louchent sur leur voisin. La presse locale raffole de ces anecdotes. Il vous reste 45.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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En Inde, la colère monte contre les « mafias de la triche » et « usines à prépas » qui prospèrent sur la soif de réussite des étudiants
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