Le premier ministre indien, Narendra Modi, lors de l’inauguration de la 4ᵉ édition du Global Renewable Energy Investors Meet & Expo, à Gandhinagar (Gujarat), le 16 septembre 2024. AMIT DAVE / REUTERS Le premier ministre indien, réélu en juin, avait annoncé lors de sa campagne électorale un plan d’action pour les cent premiers jours de son troisième mandat. L’échéance est arrivée, mardi 17 septembre : le bilan est bien maigre. Narendra Modi, 74 ans, n’est plus le leader qui a régné sans partage durant dix ans sur le pays plus peuplé du monde. M. Modi a, certes, multiplié les déplacements à l’étranger (Italie, Russie, Autriche, Pologne, Ukraine, Brunei, Singapour), mais l’intensité de son activité diplomatique n’a pas été à la hauteur de son engagement dans son propre pays : les trois mois écoulés ont été marqués par l’affaiblissement politique et une relative inertie. La première session parlementaire, achevée à la mi-août, a montré les marges d’action étroites d’un gouvernement sans majorité propre, obligé de s’allier à deux responsables régionaux versatiles, « ministres en chef » des Etats du Bihar (nord) et de l’Andhra Pradesh (sud). A trois reprises, il a dû renoncer à des projets. Les trois textes, rédigés sans consultation, visaient les musulmans, les castes défavorisées et les médias indépendants, cibles habituelles. Ses alliés n’ont pas suivi, soucieux de ne pas se mettre à dos la communauté musulmane et les basses castes. Sur la défensive Le paysage parlementaire a radicalement changé, l’opposition, plus forte, place désormais l’exécutif sur la défensive. « Ces volte-face montrent que l’autorité politique de Modi est mise à mal, confie le politologue Asim Ali. Il n’a pas été en mesure d’imposer un programme consensuel susceptible de rassembler la population. » Les seules réformes d’envergure évoquées par le premier ministre lors de son discours annuel du 15 août pour célébrer l’indépendance – l’instauration d’un code civil uniforme et une réforme du calendrier électoral destinée à regrouper le même jour les élections générales pour la Chambre basse et les scrutins régionaux dans vingt-huit Etats – ont peu de chances de voir le jour : le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), la formation de M. Modi, ne dispose pas d’une majorité qualifiée. Il semble loin le temps du second mandat (2019-2024), quand le tout-puissant premier ministre avait décidé d’abolir brutalement, à la surprise générale, l’article 370 de la Constitution, conférant une semi-autonomie au Cachemire, région à majorité musulmane disputée depuis la partition entre l’Inde et le Pakistan, et perpétuellement sujette à des troubles internes. Les chantiers urgents n’ont toujours pas commencé, notamment le recensement décennal de la population, outil indispensable pour connaître l’état réel du pays et ajuster les programmes de redistribution, qui aurait dû être lancé en 2021. Début septembre, le conseil permanent des statistiques, de quatorze membres, dirigé par l’éminent économiste Pronab Sen, s’était inquiété du retard pris et des conséquences sur son travail de l’absence de données récentes. Pour toute réponse, le gouvernement a décidé de dissoudre abruptement cette instance. Il vous reste 58.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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En Inde, le maigre bilan de Narendra Modi pour les cent premiers jours de son troisième mandat
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