Un membre de la TNLA, la guérilla du groupe éthnique Ta’ang, surveille un marché, à Kyaukme, dans l’État Shan, au nord-est de la Birmanie, le 3 juillet 2024. STR / AFP Pour les généraux birmans, les revers ne sont pas seulement militaires. Trois ans et demi après le coup d’Etat de février 2021, l’aggravation des combats en Birmanie ces derniers mois entre la résistance armée et la junte au pouvoir place cette dernière dans une situation économique de plus en plus intenable. Dans une note datée du 4 septembre, le consultant en risques BMI (groupe Fitch), installé à Singapour, a révisé à − 2,5 % la contraction du PIB attendue pour l’année 2025 contre zéro initialement. Or, l’économie birmane n’a jamais récupéré de la pandémie due au Covid-19, et son PIB est déjà inférieur de 20 % à son niveau de 2020. Selon BMI, l’un des plus gros défis provient de la conscription militaire obligatoire pour les hommes de moins de 35 ans, qui « conduit à une réduction critique de la main-d’œuvre disponible ». Prise en mars pour apporter du sang neuf à l’armée, au rythme de 5 000 nouvelles recrues par mois, cette mesure a provoqué un exode des jeunes, à la fois vers le maquis, pour prendre les armes, et vers l’étranger, pour travailler. La junte militaire a répondu par le recrutement forcé mais aussi par des taxes sur les salaires des employés à l’étranger et par davantage encore de contrôle aux frontières, alimentant le cercle vicieux de la panique. BMI attribue à la Birmanie le score le plus élevé en Asie de « risque politique », à 79,1 points sur 100. « Etant donné les faibles probabilités de compromis, nous pensons que la guerre civile va se prolonger et que toute tentative de relance du processus démocratique par le régime est vouée à l’échec », écrivent ses experts. « Zones-clés » Depuis le déclenchement, par une coalition de groupes armés ethniques, d’une succession d’offensives, fin 2023, dans l’Etat Shan et l’Etat Kachin, dans le nord-est du pays, à la frontière chinoise, ainsi que dans l’Etat Rakhine, à l’exact opposé, le long du golfe du Bengale et de la frontière avec le Bangladesh, l’équilibre des forces a basculé dans ces zones-clés pour l’exploitation des ressources naturelles et énergétiques. Entre les deux, la région centrale de Sagaing, qui va de Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays, à la frontière indienne, est, elle aussi, désormais affectée. En juillet, l’opposition armée s’est emparée de Mogok, la « vallée des rubis », certes en partie épuisée, à 190 kilomètres au nord de Mandalay. En août, la Kachin Independence Army (KIA), les rebelles kachin, a capturé des fortins à proximité des mines de jade de Hpakant, dans l’Etat Kachin. Il vous reste 64.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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En Birmanie, la junte militaire en pleine déroute économique
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