en prolongeant l’état d’urgence, la junte anéantit l’espoir d’élections



La Birmanie vit une terrible guerre civile qui s’éternise avec une junte militaire qui ne veut rien céder. Sa décision mercredi 31 juillet de prolonger une nouvelle fois l’état d’urgence pour six mois illustre cette aveugle volonté de garder le pouvoir à tout prix.Depuis le putsch militaire du 1er février 2021, l’armée toujours très puissante, même si fragilisée, s’oppose violemment à une résistance politique et aux armées ethniques qui maîtrisent une grande partie du territoire. Les combats ont provoqué le déplacement de 2,7 millions de personnes depuis le putsch, selon les Nations unies. La répression a causé la mort de plus de 5 400 personnes et conduit à l’arrestation de 27 000 autres, d’après un groupe local de surveillance.La junte persisteCes derniers mois, les généraux ont essuyé plusieurs revers d’une ampleur inédite dans les régions frontalières, face à des groupes armés revigorés, en l’absence de toute perspective de dialogue.Si la junte n’a pas réussi à organiser de scrutin, c’est « en raison d’actes terroristes », imputés à ses adversaires, a insisté le pouvoir, dans un communiqué lu par un journaliste à la télévision d’État MRTV. Les membres du Conseil de défense nationale et de sécurité « ont décidé à l’unanimité de prolonger la période d’état d’urgence de six mois supplémentaires », selon le texte. Le chef de la junte Min Aung Hlaing a formulé cette demande « pour préparer des bulletins de vote valides et exacts » en vue du scrutin, qui pourrait se dérouler en 2025, et poursuivre les opérations de recensement.La guerre continue« Personne ne croit une seconde à l’organisation d’un scrutin politique à terme, a réagi au téléphone un journaliste birman basé à Mandalay, deuxième ville du pays. La junte militaire persiste à réprimer, combattre et tuer des centaines de civils qui s’opposent à elle. »Depuis une offensive coordonnée de trois groupes représentant des minorités ethniques en octobre 2023, près de la frontière chinoise, les militaires birmans ont dû céder plusieurs villes, carrefours et routes stratégiques. La semaine dernière, les combattants de l’Armée de l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) ont affirmé avoir pris Lashio, une ville d’environ 150 000 habitants où se trouve le commandement militaire du nord-est. La junte a démenti.Élections repousséesLa junte a promis des élections législatives en 2025 mais des critiques ont mis en garde quant à la tenue d’un scrutin qui ne serait ni juste ni libre. L’an dernier, une trentaine de partis politiques avaient reçu l’autorisation de participer à de futures élections mais pas la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, dissoute quelques mois plus tôt.« Sans l’intervention diplomatique de la communauté internationale et des pressions sur la junte de la part de la Chine et de la Russie, la Birmanie ne sortira pas de la guerre », déplore encore ce journaliste qui voit sa vie quotidienne de plus en plus affectée par les combats. « Mais avec les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, le monde a oublié la Birmanie. »



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