Srettha Thavisin, premier ministre thaïlandais destitué par la Cour constitutionnelle, se prépare à parler à la presse, à Bangkok, le 14 août 2024. CHALINEE THIRASUPA / REUTERS Le premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin sera resté moins d’un an à la tête du pays. La Cour constitutionnelle thaïlandaise a destitué, mercredi 14 août, à cinq voix contre quatre, cet ancien promoteur immobilier pour « violation grossière des règles éthiques », au motif qu’il avait nommé en mai un ministre ayant fait de la prison par le passé. Ce dernier avait toutefois démissionné quatre jours plus tard. Une semaine plus tôt, le 7 août, les mêmes juges avaient décrété la dissolution du premier parti d’opposition, Move Forward, et l’inéligibilité pour dix ans de ses dirigeants. La raison : avoir fait campagne pour réformer la loi de lèse-majesté. Le zèle de la Cour constitutionnelle, placée au service des forces les plus conservatrices du royaume, n’est pas nouveau : l’institution thaïlandaise a mis fin de manière prématurée à la fonction de tous les chefs de gouvernement issus du camp de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra (2001-2006), destitué par un coup d’État et revenu d’exil il y a un an. Sretta – les Thaïlandais désignent leurs responsables politiques par leur prénom –, son nouvel homme lige, est le quatrième d’entre eux. Ont été également dissoutes toutes les formations de la famille Thaksin qui précédaient le parti Pheu Thai (Pour les Thaïlandais), dont émane Sretta et dont la cheffe n’est autre que la propre fille de Thaksin, Paetongtarn Shinawatra, 37 ans. Paysage politique chamboulé Si la décision du 7 août était attendue, celle du 14 août avait été largement présentée comme improbable dans la presse thaïlandaise. Cette double décapitation chamboule désormais le paysage politique issu des élections législatives du 14 mai 2023 : non content de couper les ailes à l’opposition et aux vainqueurs du scrutin, la cour constitutionnelle a donc choisi d’affaiblir aussi le parti des Thaksin. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Thaïlande : le parti Move Forward dissous pour avoir tenté de réformer la loi de lèse-majesté Ajouter à vos sélections Ce dernier, le Pheu Thai, qui a terminé en deuxième position aux dernières élections de mai 2023 derrière Move Forward, avait choisi de former un gouvernement de coalition avec les « vaincus » du scrutin, c’est-à-dire les forces sortantes, dont les partis des généraux putschistes qui ont renversé, en 2014, le gouvernement de Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin. En contrepartie, ce dernier avait été autorisé à rentrer en Thaïlande et à bénéficier d’un pardon royal. Ce pacte est-il en train de se fissurer ? L’ex-magnat des télécoms d’origine chinoise, qui vient d’avoir 75 ans, mène depuis le début de l’année ce qui ressemble fort à une campagne dans le but de reconstituer la base électorale de son parti. Il semble s’impliquer de plus en plus dans les affaires gouvernementales alors qu’il n’a aucun rôle officiel et n’est pas membre du parti. Il vous reste 48.76% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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En Thaïlande, le premier ministre Sretta Thavisin destitué par la Cour constitutionnelle
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