Des ouvriers textiles bangladais retournent travailler dans leur usine, à Ashulia, au nord de Dhaka, le 15 novembre 2023. MUNIR UZ ZAMAN / AFP Les ouvriers des usines textiles du Bangladesh n’ont pas eu gain de cause. Après trois semaines de grève, de manifestations et de heurts avec la police, ceux qui fabriquent les vêtements Levi’s, Zara ou encore H&M ont repris le travail, mercredi 15 novembre, sans obtenir le quasi-triplement de leurs salaires qu’ils demandaient. Le comité du salaire minimal du secteur textile a décidé d’augmenter la rémunération de base de 56 %, la portant à 12 500 takas, soit 104 euros, le 7 novembre. Un montant que les syndicats jugent « ridicule » au regard des 23 000 takas, soit environ 190 euros, revendiqués. Sheikh Hasina, la première ministre du pays, qui briguera un cinquième mandat lors des élections générales, le 7 janvier 2024, a refusé toute nouvelle hausse du salaire minimal et intimé aux ouvriers de reprendre le travail sous peine de perdre leur emploi et d’avoir « à retourner dans leurs villages ». Troisième plus gros fournisseur mondial De fait, « c’est par obligation financière et sous la pression du gouvernement et les menaces des autorités policières, y compris physiques, que les ouvriers grévistes ont repris le travail », observe Christie Miedema, coordinatrice de Clean Clothes Campaign, une fédération d’organisations non gouvernementales (ONG) qui militent pour le respect des droits humains. « La situation ressemble à celle d’il y a cinq ans », déplore Mme Miedema. En 2018, le salaire minimal dans ce secteur, qui emploie quatre millions de personnes, avait été révisé à 8 000 takas, soit 65 euros, pour cinq ans. Depuis, le secteur a traversé la crise due au Covid-19 et essuyé l’inflation galopante, de l’ordre de 35 % depuis 2019. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Crise économique, dérive autoritaire : le Bangladesh secoué par une vague de protestation A l’été de cette année, pour la première fois, le gouvernement a monté un comité pour déterminer un salaire minimal applicable dans le secteur du prêt-à-porter au 1er décembre, sans attendre l’échéance de 2024. Toutefois, aucun des syndicats représentatifs du personnel de cette puissante industrie n’y siège. A l’évidence, le patronat local rechigne à augmenter les salaires de peur de dégrader la compétitivité d’un secteur qui représente 85 % des 55 milliards d’euros d’exportations annuelles du pays. Grâce à un réseau de 3 500 usines, le secteur bangladais est connu pour être l’un des moins chers au monde : le pays est le troisième fournisseur de vêtements, derrière la Chine et le Vietnam. Quatre morts à Dacca Dix ans après l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza à Dacca, tuant plus de 1 100 ouvriers du textile, les conditions de travail n’ont guère évolué. En outre, le Bangladesh est toujours dans la ligne de mire des ONG, qui y dénoncent les atteintes au droit syndical. Il vous reste 65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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