Inexorablement, le leader nord-coréen Kim Jong-un creuse son sillon nucléaire. La Corée du Nord a tiré, jeudi 12 septembre, de multiples « missiles balistiques de courte portée » en direction de la mer du Japon, a alerté l’armée sud-coréenne. Les autorités militaires sud-coréennes ont précisé qu’elles allaient analyser l’incident et « partager les informations » avec les autorités américaines et japonaises. En même temps, le ministère japonais de la défense a confirmé le lancement d’un nombre indéterminé de missiles balistiques nord-coréens.Le jour anniversaire de la fondation de la République démocratique populaire de Corée, le 9 septembre 1948, est souvent l’occasion pour Pyongyang d’envoyer des messages à son voisin sud-coréen et aux États-Unis, cette année en pleine campagne électorale. La Corée du Nord a souvent procédé par le passé à des tirs de missiles autour de cette date. Elle avait également procédé à son cinquième essai nucléaire souterrain un 9 septembre, en 2016.Drones suicidesAinsi, trois jours avant les tirs de ces missiles de courte portée, le leader Kim Jong-un a prononcé un long discours insistant sur sa volonté de renforcer son arsenal nucléaire pour « faire face à tout acte de menace venant de ses États rivaux, dotés de l’arme nucléaire ». Pyongyang « redoublera » d’efforts pour que ses forces armées, forces nucléaires incluses, soient « entièrement prêtes à combattre ». Même si selon le dictateur, la Corée du Nord est une « puissance nucléaire responsable ». « Nos armes nucléaires, qui servent à nous défendre, ne sont une menace pour personne », a-t-il ajouté.Ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord annonce une « augmentation exponentielle » de son arsenal nucléaire. Pyongyang se sert régulièrement d’événements nationaux pour montrer ses prouesses et ses succès. Comme la présentation le 26 août d’un nouveau « drone-suicide » qui doit compléter la panoplie des « drones de reconnaissance stratégiques et des drones d’attaque polyvalents ».L’an passé, Kim Jong-un avait prévenu que la Corée du Nord, dont on estime qu’elle dispose déjà d’une cinquantaine d’ogives, pourrait riposter par l’arme nucléaire. Washington, Séoul et Tokyo avaient aussitôt réagi dans un communiqué commun en exhortant Pyongyang à « cesser de mener de nouvelles provocations et à accepter leur appel à engager un dialogue substantiel et sans conditions préalables ». Selon Yang Uk, de l’Asan Institute for Policy Studies, interrogé par l’Agence France-Presse, « d’ici à 2027, la Corée du Nord peut s’assurer 200 ogives nucléaires, et jusqu’à 300 en 2030 ».En attendant de futures négociations avec WashingtonAinsi toute cette stratégie d’intensification de tirs de missiles, d’annonce de nouveaux armements toujours plus sophistiqués et de menaces nucléaires potentielles s’inscrit dans la perspective de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. « Les tactiques de Pyongyang ne sont ni nouvelles ni révolutionnaires, mais elles sont terriblement efficaces », analyse, dans le quotidien japonais Nikkei Asia, Anthony W. Holmes, conseiller pour la Corée du Nord au bureau du secrétaire à la défense de 2017 à 2021.« Dans un premier temps, la Corée du Nord déclarera qu’elle n’est pas intéressée par des négociations avec le gouvernement américain, écrit-il, mais dans un second temps, elle laissera entendre qu’elle est ouverte aux négociations si les États-Unis et leurs alliés font preuve de bonne foi. » Elle pourrait toutefois procéder à un septième essai nucléaire afin de montrer ses réelles capacités et arriver en position de force en cas de négociation. En échange d’un gel de ses programmes nucléaires, elle voudra sans doute obtenir la levée de toutes les sanctions économiques auxquelles la Corée du Nord est soumise depuis 2016.
Kim Jong-un poursuit ses tirs de missiles et renforce son arsenal nucléaire
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