News7 News 7
Home News « La Birmanie connaît un retour en arrière que peu de pays ont expérimenté »

« La Birmanie connaît un retour en arrière que peu de pays ont expérimenté »

by News7
« La Birmanie connaît un retour en arrière que peu de pays ont expérimenté »



Guillaume de Langre. LE MONDE Guillaume de Langre a été conseiller en statistiques pour le ministère de l’électricité et de l’énergie du gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, de 2018 à 2020. Il est actuellement doctorant à l’université d’Oxford dans le domaine du changement climatique et de la fragilité des Etats. La Chine a paru s’accommoder du coup d’Etat militaire birman du 1er février 2021, avant de s’exaspérer de l’explosion de la criminalité à ses frontières. Quel est aujourd’hui le sentiment de Pékin à l’égard de la junte au pouvoir à Naypyidaw ? Je ne pense pas que la Chine ait jamais considéré que ce coup d’Etat pourrait jouer en sa faveur. Après la Birmanie, elle est d’ailleurs, de loin, la grande perdante économique de ce changement de régime. Des projets d’infrastructures chinois d’une valeur de dizaines de milliards de dollars, négociés sous Aung San Suu Kyi [entre 2016 et 2021], ont été gelés ou annulés. Par mesure de sécurité, il semble que Pékin aurait, dès le début 2022, bloqué l’accès de la junte aux paiements chinois pour l’achat de gaz birman, en les plaçant sur un compte escrow afin de ne pas être affecté par les sanctions occidentales – soit plus d’un milliard de dollars [environ 920 millions d’euros] ! A l’époque, sur [le réseau social] WeChat, les salariés d’entreprises publiques chinoises présentes au Myanmar [nom du pays donné par le pouvoir militaire] évoquaient « une mise en retrait », tout en réaffirmant les perspectives d’une croissance birmane à long terme. Comment expliquer cette désaffection chinoise ? Le nouveau régime birman, mené par Min Aung Hlaing, s’est révélé incapable de stabiliser la situation interne. Il a fixé un taux de change artificiellement fort pour la monnaie locale, le kyat, provoquant la perte des deux tiers de sa valeur au marché noir [1 330 kyats par dollar en 2021, contre 3 560 actuellement]. Et il a changé les réglementations pour que les revenus générés en Birmanie ne quittent pas le pays. Tout cela est très dissuasif pour les investisseurs chinois. La junte a pour priorité la domination militaire et politique, renouant ainsi avec les politiques économiques des juntes précédentes qui avaient déjà conduit la Birmanie à la ruine. En outre, contrairement, à ses prédécesseurs, Min Aung Hlaing ne peut plus compter sur les ressources naturelles du pays. Le secteur de la production d’énergie est dans une situation catastrophique : la pénurie d’électricité atteint jusqu’à huit heures par jour à Rangoun et de nombreuses usines tournent au ralenti… Il vous reste 76.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link

You may also like

1 2 3 4 5 6 7 8 625 676 117 64 514796 491068 518847 536563 501550