0 Vue de l’exposition Zao Wou-Ki à l’Académie des arts de Hangzhou, en septembre 2023. ACADÉMIE DES ARTS HANGZHOU Dix ans après la mort de Zao Wou-ki, la Chine rend – enfin – un bel hommage au plus français de ses peintres. Ce ne sont pas moins de 200 œuvres, dont 129 peintures à l’huile, qui sont exposées jusqu’en février 2024 à l’Académie des arts de Chine, à Hangzhou, la riche capitale du Zhejiang, où Zao Wou-ki a étudié et enseigné, et qui possède aujourd’hui le statut d’académie nationale. Comparée à la quarantaine d’œuvres accrochées au Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2018, l’exposition chinoise est infiniment plus riche. Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Au Musée Cernuschi, à Paris, le renouveau de la peinture à l’encre en Chine au XXᵉ siècle Elle est plus pédagogique aussi. L’académie consacre en effet tout un étage à retracer (en chinois et en anglais) la vie de ce fils de banquier, né en 1920 dans une famille à la fois ancienne et aisée, qui a commencé à étudier la peinture en 1935, avant de partir – en principe pour deux ans – en France en 1948, mais où il est resté jusqu’à sa mort, en 2013. Accompagnée de plusieurs vidéos (dont son passage à « Apostrophes » en 1988), cette introduction est d’une rare honnêteté. Les visiteurs, nombreux, découvrent que Zao a failli se faire renvoyer de l’académie non seulement parce qu’il refusait la discipline qui y régnait mais aussi parce que, ne jurant que par l’art occidental, il avait, à l’examen sur l’art chinois, rendu une simple feuille de papier avec une tache d’encre, ce qui lui avait valu un zéro, en principe éliminatoire. Sans le soutien de certains de ses professeurs conscients de son talent, le jeune rebelle aurait été renvoyé. Une fois devenu professeur, ce sont ses pairs, mais aussi l’ambassade de France en Chine, qui l’ont encouragé à se rendre à Paris. Ses peintures l’y avaient d’ailleurs précédé puisque, par l’intermédiaire du conseiller culturel à l’ambassade, le musée Cernuschi exposa dès 1946 à Paris une vingtaine de toiles du jeune enseignant dans le cadre d’une exposition sur l’art contemporain chinois. Dès son arrivée à Paris, le 1er avril 1948, après trente-six jours de voyage, Zao Wou-ki se précipita au Louvre, impatient de découvrir les toiles dont il ne connaissait alors que les reproductions. Ayant obtenu la nationalité française dès 1964, grâce au soutien d’André Malraux, Zao Wou-ki fit de nombreux voyages en Asie. Japonais, Taïwanais et Hongkongais furent bien plus tôt sensibles à la qualité de sa peinture que la Chine communiste. Lorsque, en 1985, l’académie de Hangzhou invita Zao Wou-kki à y enseigner durant un mois, le maître eut l’impression de ne pas être véritablement compris de ses élèves. Peindre en ne tenant compte que de leur « moi intérieur » était trop éloigné de ce qu’on leur avait jusque-là enseigné. Ce n’est qu’en 1998-1999, lors d’une première rétrospective itinérante de son œuvre dans plusieurs villes de Chine, que Zao eut l’impression que les Chinois acceptaient enfin sa peinture abstraite. Il vous reste 50% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.Source link
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