Après des bombardements de l’armée birmane à Lashio, dans l’Etat Shan (Birmanie), le 24 septembre 2024. STR / AFP A trois jours d’un recensement destiné à préparer de futures élections controversées, la junte birmane fait mine d’en appeler à des solutions politiques. Dans un communiqué publié le 27 septembre dans le Global New Light of Myanmar, le journal officiel birman, le Conseil d’administration de l’Etat – nom officiel de la junte militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’Etat le 1er février 2021 – appelle « les organisations ethniques armées et les terroristes des forces de défense du peuple qui luttent contre l’Etat » à « contacter l’Etat pour résoudre les problèmes par le biais de la politique des partis ou des processus électoraux » et « d’écarter la voie du terrorisme armé ». Le communiqué explique que le « recensement est prévu pour le 1er octobre, afin de garantir l’exactitude des listes électorales en vue des prochaines élections générales démocratiques et multipartites. Le moment est donc venu d’entreprendre des préparatifs concertés en vue de ces élections ». Véritable branche d’olivier, tactique dilatoire ou ultimatum déguisé ? Pour la résistance armée, une chose est claire : les premières élections que la junte se propose d’organiser depuis le coup d’Etat, et dont la date a désormais été fixée à 2025, sont une farce. Le seul parti d’opposition crédible, la Ligue pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi, dont le gouvernement a été renversé par l’armée deux mois après sa victoire haut la main aux élections de novembre 2020, a été dissous et banni de la vie politique. Sa participation à un scrutin a toujours été formellement exclue par l’actuel gouvernement militaire, rendant illusoire la prétention à des élections « démocratiques et multipartites ». Or, le communiqué de la junte n’offre pas l’ombre d’une concession sur ce point, ni sur celui d’une libération d’Aung San Suu Kyi. Appel au boycott du recensement Le gouvernement d’unité national (NUG), le gouvernement souterrain révolutionnaire, désigné comme un groupe terroriste par la junte militaire, n’a cessé de dénoncer ce scrutin et d’appeler au boycott du recensement censé le rendre possible – la junte souhaitant imposer un nouveau système à la proportionnelle. En outre, les Forces de défense du peuple (PDF) – les groupes armés de la résistance – s’efforcent depuis 2023 de saboter le travail des agents de recensement, dont plusieurs ont été assassinés. Rien n’indique à ce stade pour le NUG, familier de ces appels aux négociations dépourvues de contenu, que le régime serait prêt à changer de pied. « La junte militaire n’a jamais eu l’intention authentique de négocier, leur appel est conçu pour diviser les forces révolutionnaires à un moment où ils accumulent les pertes sur le terrain. Ce n’est pas une reconnaissance de leur défaite », explique Zaw Kyaw, un porte-parole du NUG joint le 27 septembre. L’annonce vise, selon lui, à « tromper les forces révolutionnaires et la communauté internationale » : « S’ils ont l’intention sincère de dialoguer, ils doivent proclamer un cessez-le-feu immédiat et cesser toute violence et atrocité contre le peuple birman », poursuit-il. Il vous reste 46.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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