Gurpatwant Singh Pannun dans son bureau à New York, le 29 novembre 2023. TED SHAFFREY / AP La mise en cause est désormais officielle : la justice fédérale américaine accuse « un employé du gouvernement indien dont l’identité est connue » d’avoir recruté un homme de main dénommé Nikhil Gupta pour assassiner, à New York, un séparatiste sikh de nationalité américaine. La cible potentielle était Gurpatwant Singh Pannun, connu pour avoir fondé l’organisation américaine Sikhs for Justice qui milite pour la création d’un Etat sikh indépendant, le « Khalistan », dans les frontières de l’actuel Pendjab (nord de Inde). C’est ce qui ressort de l’acte d’accusation rendu public mercredi 29 novembre par un tribunal fédéral de Manhattan, qui inculpe Nikhil Gupta, 52 ans, de « meurtre commandité » et de « meurtre commandité en association de malfaiteurs », deux peines pouvant conduire chacune à dix ans de prison. Le complot débute en mai, lorsque Nikhil Gupta est chargé par le fonctionnaire indien, présenté par la justice américaine comme « officier de terrain supérieur » avec des responsabilités dans les domaines de la « gestion de la sécurité » et du « renseignement », d’assassiner le séparatiste sikh. Nikhil Gupta a, selon ses dires, été impliqué dans des trafics de drogue et d’armes. Son interlocuteur lui promet en échange que l’Inde abandonnera des poursuites judiciaires en cours contre lui dans l’Etat du Gujarat, l’ancien fief du premier ministre indien, Narendra Modi. Pour cela, sur l’indication du fonctionnaire indien qui, lui, n’a pas été inculpé, Nikhil Gupta contacte un intermédiaire et un tueur à gages – en réalité des agents américains. Le tarif est fixé : 100 000 dollars (91 000 euros), dont 15 000 dollars d’avance sont versés en liquide le 9 juin, à New York, dans un véhicule à Manhattan (l’acte d’accusation fournit une photographie de l’échange de billets). Il est précisé que l’attentat ne doit pas avoir lieu alors que des rencontres politiques indo-américaines sont en cours. Tout s’accélère le 18 juin, lorsqu’un autre séparatiste sikh que connaît M. Pannun, Hardeep Singh Nijjar, est assassiné à l’extérieur d’un temple sikh, en Colombie-Britannique (Canada). L’agent indien envoie alors à Gupta une vidéo de la scène du crime et lui indique que Nijjar « était aussi une cible ». « Nous avons tellement de cibles », ajoute-t-il. Il lui donne l’adresse personnelle de Gurpatwant Singh Pannun à New York. Ce dernier risque de se méfier, il n’est plus question d’attendre. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le Canada accuse l’Inde d’être responsable du meurtre d’un de ses ressortissants sikhs Mais entre les 21 et 23 juin, le premier ministre Narendra Modi est reçu en grande pompe par Joe Biden, qui lui fait même l’honneur d’un dîner solennel à la Maison Blanche. Le président américain avait alors jugé que le partenariat entre les Etats-Unis et l’Inde « était plus fort, plus étroit et plus dynamique qu’à aucun autre moment de l’histoire ». Cet accueil a contribué à renforcer le statut du nationaliste hindou auprès de sa propre population, à un an des élections législatives qui se dérouleront au printemps 2024. Il vous reste 65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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La justice américaine révèle les dessous d’un complot indien pour assassiner un séparatiste sikh à New York
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