Song Binbin, membre de la garde rouge, offre un brassard à Mao Zedong lors d’un meeting pour célébrer la Révolution culturelle, à Pékin, le 18 août 1966. BRIDGEMAN IMAGES Le 18 août 1966, sur la terrasse de la Porte-de-la Paix-Céleste (Tiananmen), à Pékin, une lycéenne enfile le brassard de la garde rouge jusqu’au-dessus du coude du président Mao. La photo qui immortalise ce moment fera le tour du monde, et marque l’un des débuts de la Révolution culturelle dans la Chine populaire (1966-1976). Cette lycéenne, Song Binbin, vient de décéder, le 16 septembre, aux Etats-Unis – où elle soignait un cancer. Elle avait épousé un universitaire américain et obtenu un doctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT). A l’époque, les « cathos maos » parisiens s’extasient, sans deviner ce que Hu Jie – le patriarche du cinéma documentaire chinois – révélera en 2006 dans son film Ne pleurez pas sur mon cadavre : cette lycéenne, avec quelques condisciples – dont, sans doute, l’une des filles du président Liu Shaoqi qui, quelque temps plus tard, mourra de faim sur ses excréments, dans une cave –, venait de torturer à mort quelques jours plus tôt, avec d’autres lycéennes, Bian Zhongyun, la proviseure adjointe de son lycée de filles, le plus prestigieux de la capitale. Enfiler le brassard au bras du président devant un million de gardes rouges était donc une récompense. Mao Zedong sait qu’il avait en face de lui la fille de Song Renqiong (1909-2005), un des généraux de l’Armée populaire de libération, considéré comme l’un des huit immortels du Parti communiste chinois. Mao lui demande son petit nom : Binbin (gentillette). Il lui suggère alors d’en adopter un plus martial (YaoWu) : « Va-t-en-guerre ». Lire aussi (2016) | Article réservé à nos abonnés Il y a cinquante ans, la Révolution culturelle Ajouter à vos sélections Dans les quatre semaines qui suivent, près de deux mille enseignants des lycées de Pékin seront torturés et mis à mort par leurs élèves, avant que les tueries (et quelques sessions d’anthropophagie) portent le chiffre des victimes à environ quatre millions. Repentir modéré Mme Mao, alors aux commandes derrière les élèves des lycées, sera jetée en prison, en 1976, dès la mort de son mari. Quelques années après, elle sera condamnée à mort avec sursis. Quelques centaines de « madame maoïste » françaises se cotiseront pour acheter une pleine page de publicité dans Le Monde, et protester contre son procès. Après la Révolution culturelle, Song Binbin intègre l’Académie des sciences dont elle sort diplômée en 1980. Elle part alors aux Etats-Unis, où elle obtient un master de géochimie en 1983, puis achève en 1989 un doctorat au MIT. Ayant épousé un Américain, elle obtient la nationalité américaine avant de rentrer en Chine en 2003. C’est à cette époque que son lycée sollicite 90 anciennes élèves pour un livre d’or – à l’occasion du 90e anniversaire de l’établissement. Song Binbin avait demandé à faire partie des élues, en raison de ses succès universitaires états-uniens. Le maquettiste du lycée avait alors inséré sa photo en face du portrait de la proviseure assassinée. Le Web chinois s’était enflammé de protestations, qui avaient alerté le cinéaste Hu Jie. Il vous reste 36.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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La mort de l’ancienne garde rouge chinoise Song Binbin
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