En Azerbaïdjan, un simulacre de démocratie à la gloire du président Aliev

Une affiche de campagne du président azerbaïdjanais et candidat à la présidentielle Ilham Aliev, à Bakou, le 15 janvier 2024, premier jour de la campagne officielle avant l’élection du 7 février. TOFIK BABAYEV / AFP Le 7 février, le chef d’Etat azerbaïdjanais, Ilham Aliev, 62 ans, s’offrira un cinquième mandat, sur fond de répression féroce des médias indépendants et de la menace de claquer la porte des institutions européennes. Quelque 6,3 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour choisir entre un quasi-monarque ayant hérité, en 2003, de la présidence de son père, Heydar Aliev, et six autres candidats rivalisant d’efforts pour qu’aucun citoyen ne vote pour eux. « Les électeurs se sont détournés de la politique à un degré sans précédent, explique le politiste exilé Bahruz Samadov. Cela s’explique par la véritable popularité du président sortant, Ilham Aliev, qui se vante d’avoir restauré la souveraineté de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, mais aussi par l’intensification de la répression pendant la campagne électorale. » Lire le récit : Article réservé à nos abonnés Haut-Karabakh : la fin d’une république autoproclamée née de la dislocation de l’URSS A la fin de septembre 2023, une opération militaire déclenchée par Bakou a provoqué la fuite de plus de 100 000 personnes du Haut-Karabakh, soit la quasi-totalité des Arméniens vivant dans cette région. Depuis trois décennies, l’enclave était administrée par une entité séparatiste alliée de l’Arménie et échappant au contrôle de Bakou. En 2020, l’Azerbaïdjan en avait déjà repris par la force une grande partie, infligeant une défaite cuisante et meurtrière aux Arméniens. Désirant convertir la victoire militaire en plébiscite, Ilham Aliev a avancé d’un an la date du scrutin, tout en durcissant la répression envers les voix critiques. Dix journalistes ont été arrêtés par les autorités depuis novembre 2023. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés En Azerbaïdjan, l’enquête interdite sur des cas de torture dans des prisons bénéficiant de fonds européens « Nous ne participerons pas à ce cirque » Lors du précédent scrutin présidentiel, en 2018, l’opposition était parvenue à organiser plusieurs manifestations massives à Bakou. A la mi-décembre 2023, les deux principaux partis d’opposition, Müsavat et le Front populaire de l’Azerbaïdjan, avaient décidé de boycotter le scrutin. « Nous ne participerons pas à ce cirque, cette fausse élection qui n’est qu’un simulacre de démocratie », déclarait alors le chef de file du Front populaire, Ali Karimli, durant la convention de son parti. Selon l’organisation américaine Freedom House, l’Azerbaïdjan se classe parmi les seize pays offrant le moins de libertés civiles et de droits politiques au monde, aux côtés de la Birmanie et du Yémen. La dégradation du système politique n’a pas échappé à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a envoyé onze observateurs pour la campagne présidentielle. Dans un rapport intermédiaire publié sur son site, l’OSCE relève « l’absence de véritable concurrence, des pressions gouvernementales sur les médias et des obstacles à la surveillance des élections par les organismes publics ». Elle note également que, « sur les six candidats à la présidence autres que le président sortant, tous ont soutenu publiquement le président dans un passé récent ». Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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