Des soldtas de l’armée bangladaise à Dacca, capitale du pays, le 30 juillet 2024. MUNIR UZ ZAMAN / AFP Le Bangladesh va interdire le plus grand parti islamiste du pays, le Jamaat-e-Islami, et sa branche étudiante, le Shibir, à la suite des troubles meurtriers survenus ce mois-ci dans tout le pays, a déclaré à la presse, mardi 30 juillet, le ministre des transports, Obaidul Quader. Les représentants de la coalition gouvernementale du Bangladesh « ont décidé à l’unanimité d’interdire le Jamaat et le Shibir, en tenant compte de leurs activités passées et présentes », a déclaré M. Quader, qui est également secrétaire général de la Ligue Awami, le parti au pouvoir. Les manifestations d’étudiants contre les quotas d’emplois dans la fonction publique ont fait au moins 205 morts depuis le début du mois, dont plusieurs policiers, selon un décompte de l’Agence France-Presse à partir de données de la police et des hôpitaux. Ces affrontements comptent parmi les plus meurtriers depuis l’arrivée au pouvoir il y a quinze ans de la première ministre, Sheikh Hasina. Pour rétablir l’ordre, son gouvernement a notamment déployé l’armée, coupé l’accès à Internet et imposé un couvre-feu. Le gouvernement du Bangladesh a appelé à une journée de deuil mardi pour les victimes des récents troubles. Ce moment de recueillement, avec des prières dans les mosquées du pays, a été critiqué par le mouvement Students Against Discrimination (« Etudiants contre les discriminations »), qui a organisé les premières manifestations. « Au lieu de rendre la justice pour les meurtres de masse commis par les forces de l’ordre, les étudiants ont été cruellement ridiculisés », a déclaré dans un communiqué Mahin Sarker, l’un des responsables de l’organisation estudiantine. Un « usage excessif de la force » Mardi, le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a dénoncé « l’usage excessif de la force » contre les manifestants et explique avoir exprimé sa « profonde préoccupation face à l’annonce d’une politique de tir à vue » contre les contestataires, destinée à faire cesser les troubles. Déplorant également les « meurtres » contre des agents de forces de l’ordre, « la violence, la torture et les arrestations massives », le responsable espagnol a affirmé souhaiter une enquête approfondie permettant de traduire en justice les responsables. « Nous suivrons de près les actions des autorités dans le contexte de cette crise et, en gardant à l’esprit les principes fondamentaux des relations entre l’UE et le Bangladesh, nous espérons que tous les droits de l’homme seront pleinement respectés », a aussi relevé le chef de la diplomatie des Vingt-Sept. Des associations de défenseurs des droits de l’homme et l’ONU ont également critiqué un usage excessif de la force. Selon le journal Daily Star, plus de 10 000 personnes ont été arrêtées depuis le début des violences. « L’arrestation massive et la détention arbitraire des étudiants protestataires est une chasse aux sorcières menée par les autorités pour réduire au silence tous ceux qui veulent les défier », a souligné un responsable d’Amnesty international, Smriti Singh, dans un communiqué. La contestation a commencé après la réintroduction en juin d’un système réservant à certains candidats plus de la moitié des emplois de la fonction publique, dont près d’un tiers aux descendants d’anciens combattants de la guerre d’indépendance du Bangladesh. Avec environ 18 millions de jeunes bangladais sans emploi, d’après les chiffres du gouvernement, cette décision a profondément heurté les diplômés. Pour les détracteurs de ces quotas, ceux-ci visent à réserver des postes au sein de la fonction publique aux proches de la Ligue Awami, le parti de la première ministre. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Bangladesh : après trois semaines de manifestations violemment réprimées, le régime de Sheikh Hasina ébranlé Ajouter à vos sélections Le Monde avec AFP Réutiliser ce contenu
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