LETTRE DE SYDNEY Saisie de 7,2 tonnes de drogue, interceptées lors d’une opération effectuée dans l’océan Pacifique, sur une photo non datée diffusée le 23 août 2024. MEXICAN NAVY / VIA REUTERS Il suffit de déplier une carte pour saisir l’ampleur du problème. A l’est, s’étendent les cartels d’Amérique centrale et du Sud. Au nord-ouest, les triades chinoises et les syndicats du crime d’Asie du Sud-Est. Au sud-ouest, les gangs australiens. Au cœur de ce maillage criminel, le Pacifique – prisé des touristes pour son chapelet d’îles aux eaux turquoise – attire aussi de plus en plus les narcotrafiquants en quête de ports de transit. A tel point qu’il a gagné, ces dernières années, le surnom d’« autoroute de la drogue ». Particulièrement inquiétante pour les dirigeants des Etats insulaires de cette région, la consommation locale de stupéfiants connaît une hausse brutale et inédite. Les Fidji, les Tonga, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Marshall sont particulièrement touchées. « Toutes les drogues saisies restent consignées sous la garde de la police dans un lieu sécurisé, en attendant la décision du tribunal pour leur destruction », a déclaré, mercredi 11 septembre, le commissaire adjoint de la police fidjienne, Mesake Waqa, en référence à une interception record effectuée par ses hommes en janvier. Ils avaient découvert, cachées dans deux propriétés privées de la ville côtière de Nadi, à quelques minutes de l’aéroport international, qui sert de principal point d’entrée à près d’un million de touristes par an, 4,8 tonnes de métamphétamines, soit l’équivalent d’une valeur marchande supérieure à un milliard d’euros. Selon la police, cette marchandise était essentiellement destinée au marché étranger. « Ce qui est nouveau, c’est la quantité qui transite par ces pays, explique une source sécuritaire australienne. Tous ces réseaux visent essentiellement les marchés australien et néo-zélandais, très lucratifs, car les stupéfiants s’y vendent beaucoup plus cher qu’ailleurs. » Sur l’île-continent, qui est l’un des plus gros consommateurs mondiaux de cocaïne et de crystal meth, l’usage et le commerce de drogues représenteraient un montant de 6,9 milliards d’euros par an, et jusqu’à 1,1 milliard d’euros de l’autre côté de la mer de Tasman. Les trafiquants utilisent aussi « l’autoroute du Pacifique » pour déplacer des cargaisons des Amériques vers l’Asie, et des substances chimiques de l’Asie vers les Amériques. Des collaborateurs locaux rémunérés en drogue En chemin, ils recrutent des locaux. Certains sont déjà des délinquants confirmés, comme les individus expulsés par Canberra, Wellington et Washington pour des crimes et délits commis sur leur territoire. D’autres cherchent avant tout des moyens de survie dans ces archipels, qui peinent encore à se relever de la crise sanitaire liée au Covid-19 et doivent composer avec des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes à cause du changement climatique. Il vous reste 56.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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Le Pacifique, une inquiétante autoroute de la drogue
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