le « pays des purs » et du double jeu

« Pakistan, notre meilleur ennemi », sur France 5. TOHUBOHU/SLUG NEWS FRANCE 5 – DIMANCHE 19 NOVEMBRE À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE Abbottabad, 2 mai 2011, l’opération « Neptune’s Spear » est lancée. Dans la nuit, des hélicoptères américains foncent dans le ciel pakistanais avec à leur bord 23 soldats d’élite, chargés d’une mission : tuer Oussama Ben Laden, l’ennemi public numéro un depuis le 11 septembre 2001 à New York. Sa villa fortifiée n’est située qu’à une centaine de mètres d’une académie militaire pakistanaise. L’opération « pulvérise soixante ans de collaboration étroite avec le Pakistan », dit la voix off. L’armée américaine a pris la décision de ne pas prévenir son allié de l’opération et de violer la souveraineté de son territoire, pour éviter les fuites, soupçonnant l’agence de renseignement du pays, l’InterServices Intelligence, l’ISI, d’abriter en connaissance de cause depuis sept ans le chef d’Al-Qaida. L’ISI a toujours nié. La Maison Blanche a fini par comprendre le redoutable double jeu mené par cet allié d’Asie du Sud sur lequel les présidents américains ont cru pouvoir s’appuyer pour combattre l’Union soviétique en Afghanistan. Ils se sont illusionnés sur ce pays tenu par l’armée, allié du monde occidental, d’une main, protecteur de l’islam radical, de l’autre, et terreau du djihadisme international. Soutien tacite des Etats-Unis Jean-Pierre Canet, auteur du documentaire Irak, destruction d’une nation en 2021, explore, dans Pakistan, notre meilleur ennemi, les eaux troubles du « pays des purs », né en 1947, de la partition de l’empire des Indes. Soulignant les paris insensés des Etats-Unis. Pendant des années, la République islamique du Pakistan a bénéficié de millions de dollars américains destinés à armer l’opposition aux Soviétiques. Elle en a profité pour renforcer ses capacités militaires, acquérir la bombe atomique, défier l’Inde voisine, son seul véritable ennemi, tenter de lui reprendre le Cachemire. Le documentaire, en deux épisodes, met en exergue la stratégie des militaires pakistanais qui ont instrumentalisé l’islam, enterrant les idéaux démocratiques du père de la nation, Mohammad Ali Jinnah. Avec le soutien plus ou moins tacite des Etats-Unis, l’armée pakistanaise s’empare du pouvoir à trois reprises. Même l’austère Zia Ul Haq ne rebute pas les Américains. Auteur du coup d’Etat de 1977, le militaire impose une dictature fondée sur un islam ultraconservateur. Il a recours à la charia, islamise les institutions, la justice, instaure une loi contre le blasphème, crée des milices. Il alloue, avec les dollars américains, des moyens considérables à l’ISI qui opère à l’intérieur et à l’international, semblable au KGB. Les services de renseignement contrôlent tout. « L’Occident ignore généralement les crimes de l’ISI », déplore le journaliste Arif Jamal, spécialiste des groupes djihadistes et exilé par sécurité depuis 2007. Pendant des années, l’ISI et la CIA ont soutenu, financé, armé la résistance afghane, composée d’ultraconservateurs, des Pachtouns, qui avaient trouvé exil au Pakistan, dans les zones tribales, notamment le clan Haqqani, sans imaginer qu’ils deviendraient un jour leurs pires ennemis. « Nous n’avons pas vu le danger arriver à ce moment-là », reconnaît un officier français de la direction générale de la sécurité extérieure, Olivier Mas. Cours en ligne, cours du soir, ateliers : développez vos compétences Découvrir Le Pakistan aussi sera pris à son propre piège. L’ISI a fabriqué ses propres « monstres », des dizaines de groupes islamistes, qui continuent de semer la terreur au « pays des purs ». Pakistan, notre meilleur ennemi, de Jean-Pierre Canet (Fr. 2023, 2 × 45 min). Sophie Landrin(New Delhi, correspondante)



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