0 Des membres de l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA) sur un véhicule blindé pris à l’armée birmane, le 28 octobre 2023, en Birmanie. AP L’offensive pour l’instant couronnée de succès menée depuis le 27 octobre par un trio d’armées ethniques rebelles contre Laukkai, la capitale d’une zone « auto-administrée » sinophone de 150 000 habitants sous contrôle de la junte birmane à la frontière chinoise, interroge sur le rôle indirect de Pékin. Au total, les rebelles annonçaient avoir conquis près de 160 postes et fortins de l’armée birmane au seizième jour de l’opération en cours dans le nord de l’Etat Shan. Dimanche 5 novembre, le commandant d’une division d’infanterie birmane a été tué par un drone, le plus haut gradé mort au combat depuis le coup d’Etat de février 2021. Le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a sonné le rappel des réservistes de l’armée et dénoncé, mercredi 8 novembre, selon le quotidien officiel Global New Light Of Myanmar, une « lutte armée financée par le trafic de drogue ». Le groupe armé responsable de l’offensive, l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), est la guérilla historique de l’ethnie kokang, des Chinois han implantés depuis des siècles du côté birman de la frontière. Dans cette zone de trafics, un temps repaire d’opposants au nouveau régime communiste chinois, la Chine de Mao exporte en 1968 sa révolution, faisant de Kokang un avant-poste du Parti communiste de Birmanie en guerre contre la junte. Avec la fin de la guérilla communiste en 1989, la MNDAA va défendre l’autonomie de la zone kokang face aux juntes birmanes successives, tout en prospérant grâce à sa proximité avec la Chine. Sous la pression chinoise, la culture de l’opium y est bannie en 2003. Dividendes partagés avec la junte Tout bascule en 2009 : alors commandant des forces armées de l’Etat Shan, le général Min Aung Hlaing, le futur putschiste de 2021, met la main sur la région en obtenant le ralliement du numéro deux de la MNDAA, un Kokang. Celui-ci va faire des hommes sous son commandement une force de gardes-frontières (Border Guard Forces, BGF) intégrée à l’armée birmane et prendre la tête de la nouvelle « zone auto-administrée ». Le reste de la MNDAA rejoint le maquis à proximité de la frontière chinoise. Les BGF ont carte blanche pour faire fructifier leurs activités : le groupe local Fully Light, notamment, devient un conglomérat richissime grâce à des monopoles sur le commerce avec la Chine, ses casinos et ses capacités de blanchiment d’argent. « Fully Light est devenu un acteur majeur de l’économie nationale, les membres du clan Liu [propriétaires du groupe] font régulièrement des dons à l’armée du Myanmar [le nom officiel de la Birmanie] et à son parti politique, le Parti de la solidarité et du développement de l’Union », confirme Jason Tower, spécialiste de la Birmanie à l’Institut des Etats-Unis pour la paix, basé à Bangkok. Il vous reste 60% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.Source link
Source link