Le viol et le meurtre d’une médecin en Inde rappellent le délabrement du système hospitalier



Manifestation de médecins et d’ambulanciers après le viol et le meurtre d’une interne, le 9 août, à Calcutta (Inde), le 16 août 2024 à New Delhi. MANISH SWARUP / AP Quatorze jours après le viol et l’assassinat d’une médecin dans un hôpital public de Calcutta, l’émotion ne retombe pas en Inde. La capitale du Bengale-Occidental est le théâtre de manifestations quotidiennes de médecins, mais aussi de gens de tous horizons venus crier leur indignation après ce crime odieux. Le corps de l’interne âgée de 31 ans, surnommée « l’Abhaya » (« l’intrépide ») pour ne pas dévoiler son identité – la loi l’interdit –, a été retrouvé affreusement mutilé, le 9 août, dans une salle de réunion où elle était venue dormir après une garde de trente-six heures, à défaut d’installation de repos adéquate. Le meurtrier serait un volontaire de la police locale chargé de guider les patients, mais l’enquête se poursuit pour établir les responsabilités au sein de l’hôpital. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le viol et le meurtre d’une médecin bouleversent l’Inde Ajouter à vos sélections La Cour suprême, qui joue un rôle central pour élucider l’affaire et forcer les pouvoirs publics à assurer la sécurité dans les hôpitaux, a entendu, jeudi 22 août, le représentant du bureau central d’enquêtes, le CBI, chargé des investigations depuis le dessaisissement de la police de Calcutta, jugée trop inefficace. Son témoignage, édifiant, révèle une série d’anomalies, d’incohérences et de lacunes de la part de la direction de l’hôpital et des policiers pour tenter de dissimuler le viol et l’assassinat et de le maquiller en suicide. « Notre enquête est un défi en soi, car le lieu du crime a été modifié », a expliqué l’avocat du CBI. Il a souligné l’énorme retard pour enclencher les recherches : quatorze heures se sont écoulées entre la découverte du corps et le dépôt de plainte à la police. « Que s’est-il passé pendant tout ce temps ? », s’est interrogé le président de la Cour suprême, Dhananjaya Yeshwant Chandrachud. Entre-temps, le corps avait été incinéré, sitôt l’autopsie réalisée. Le directeur, limogé peu après le meurtre, continue d’être interrogé par les enquêteurs, mais la méfiance est telle que le CBI a obtenu, jeudi, l’autorisation de la justice de le soumettre, avec quatre autres médecins, au détecteur de mensonges. La Cour suprême a également souligné les défaillances de la cheffe du gouvernement du Bengale-Occidental, Mamata Banerjee, qui est responsable de la police. Elle est critiquée de toute part pour sa gestion de l’affaire et l’état de l’hôpital. Etat lamentable des infrastructures « La situation des médecins dans les hôpitaux publics de ce pays est épouvantable, mais elle est pathétique au Bengale-Occidental, témoigne Shouradipta Chandra, médecin à New Delhi, qui a pratiqué seize ans à Calcutta. Pas de sécurité, pas d’endroit pour se reposer pour les médecins qui travaillent soixante-douze heures d’affilée, des conditions de travail inhumaines. Un système corrompu de la base jusqu’aux chefs. La situation est toujours la même. Année après année, nos cris sont vains. » Il vous reste 54.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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