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« Lettres de Taipei », une tragédie familiale sous l’ère du maoïsme

by News7
« Lettres de Taipei », une tragédie familiale sous l’ère du maoïsme



Livre. Les faits et l’histoire sont parfois deux choses différentes. En Chine, la seule histoire qui compte est celle écrite par le parti. Et quiconque la contredit est accusé de « nihilisme historique ». Ainsi, dans les manuels scolaires, nulle trace des dizaines de millions de morts dus à la famine lors du Grand Bond en avant (1958-1961) de Mao Zedong ni des persécutions qui firent également des millions de victimes lors de la Révolution culturelle (1966-1976). Dans un tel contexte, les ouvrages « qui se souviennent », forcément écrits à l’étranger, apparaissent d’autant plus précieux qu’ils forment un îlot de résistance face à cette mémoire imposée. Tel est le cas du roman graphique de Fish Wu, Lettres de Taipei (Rue de l’Echiquier, 172 pages, 24,90 euros). Lire aussi (2016) : « La Révolution culturelle, un spectre qui hante la Chine » Ajouter à vos sélections L’auteur y couche les souvenirs que sa grand-mère lui a confiés, peu avant qu’Alzheimer ne couvre son esprit de brouillard. Il raconte comment, du jour au lendemain, en 1948, le père et l’oncle de l’aïeule, qui gèrent l’école du village, se retrouvent privés de tout parce qu’ils sont lettrés et refusent de se plier à la tyrannie. Comment le plus jeune, Shen Erchong, va choisir l’exil vers Taïwan quand l’aîné, Shen Erya, restera en Chine communiste pour s’occuper de ses proches malgré un quotidien empreint de violence et d’humiliation. Comment enfin, quarante-sept ans plus tard, Shen Erchong retourne pour un séjour dans sa terre d’origine, longtemps après la mort de son frère, et constate la pauvreté et l’imprégnation de la pensée communiste omniprésentes. Dimension intime Cette tragédie familiale sous l’ère Mao n’aurait pu être qu’une histoire de plus sur cette période sombre de la Chine. Mais la dimension intime, très touchante, de Lettres de Taipei s’accompagne d’un élément rendant l’ouvrage extrêmement puissant : son graphisme. Elément à part entière de l’histoire, le dessin de Fish Wu est acéré, minutieux. Chaque scène est constituée d’une multitude de détails, qui permettent d’entrer littéralement dans l’atmosphère du récit. Ce souci de la précision se retrouve également dans les traits des personnages, d’où se dégage une grande intensité, notamment dans les portraits très émouvants de la grand-mère. Parfois, ce foisonnement laisse place à une page plus épurée, pour un paysage, un retour sur le présent qui offre une respiration bienvenue. Un rythme qui permet de tenir le lecteur en haleine malgré l’âpreté du propos. Lire aussi (2022) : Article réservé à nos abonnés L’Occident, ennemi désigné de la Chine Ajouter à vos sélections L’auteur, âgé de 45 ans, vit en Malaisie. Il se défend d’avoir écrit un livre polémique. « Je n’ai pas d’esprit critique, ni d’avis politique, explique Fish Wu. En tant que chinois, je n’ai jamais eu cette opportunité. J’ai juste voulu retranscrire les derniers souvenirs de ma grand-mère [décédée un an après la sortie du livre]. » Pour autant, il garde en tête cette phrase lue il y a de nombreuses années : « Tant que le portrait du président Mao restera accroché aux murs, les choses ne changeront pas. Même un petit peu. » Il vous reste 2.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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