La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, (à droite), à son arrivée à l’aéroport international de Pékin pour le Forum sur la coopération sino-africaine, le 3 septembre 2024. ANDRES MARTINEZ CASARES / AP A une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Dar es-Salaam (Tanzanie), le campus de l’école de leadership Julius-Nyerere est le symbole flamboyant de la coopération entre le Parti communiste chinois (PCC) et les formations au pouvoir en Afrique australe. L’établissement, inauguré en février 2022 lors d’une cérémonie au cours de laquelle fut diffusé un message du président Xi Jinping, a été construit par une entreprise chinoise et offert par Pékin. Des séminaires très réguliers y sont dispensés par des professeurs des écoles des cadres du PCC à destination de six partis, qui tous ont en commun d’avoir mené la lutte pour l’indépendance ou contre l’apartheid et d’être aujourd’hui encore aux affaires. Les drapeaux de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud, du Mozambique, de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe y côtoient la bannière rouge à la faucille et au marteau du PCC. Les formateurs proviennent de l’Ecole centrale du Parti communiste chinois, de certaines de ses branches provinciales, mais aussi des universités agricoles chinoises. Du 29 octobre au 7 novembre 2023 par exemple, une session intitulée « Façonner un futur commun, atelier des jeunes leaders du CCM » (Chama Cha Mapinduzi, Parti de la révolution, le principal parti tanzanien) était organisée par le département international du comité central du PCC. Quelques mois plus tôt, en juin 2023, la Chine formait cent trente-six jeunes responsables des six partis. Cet effort témoigne de la pleine confiance du parti-Etat chinois qui considère, du fait du développement économique auquel est parvenu le pays, non seulement n’avoir aucune leçon à recevoir de l’Occident, mais pouvoir aussi partager son retour d’expérience. Il propose un modèle concurrent aux démocraties, qui serait tout aussi légitime, en raison notamment de ses réalisations. Ces échanges permettent de normaliser ce modèle chinois décrié en Occident pour l’absence de passage aux urnes et d’Etat de droit. « La Chine veut aider ces mouvements à rester au pouvoir et, en présentant son modèle à leurs cadres prometteurs, gagne beaucoup d’influence politique » résume Paul Nantulya, un chercheur à l’Africa Center for Strategic Studies, basé à Washington. « Asseoir la puissance du parti » L’effort ne se limite pas à l’école tanzanienne. Un institut Chine-Afrique, basé à la fois au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba et à l’Académie chinoise des sciences sociales à Pékin, a été ouvert en 2019, avec vocation à rayonner sur l’ensemble du continent. Au Zimbabwe, la Chine a assuré la rénovation de l’école d’idéologie Herbert-Chitepo du parti au pouvoir, l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF). La formation qui domine au Kenya, l’United Democratic Alliance, n’est pas en reste : ses dirigeants se sont rendus à Pékin en mai et se sont vu offrir la construction de leur propre école de leadership à Nairobi. En outre, le Collège de commandement de l’Armée populaire de libération, situé à Nankin, accueille régulièrement des gradés prometteurs des forces africaines. Il vous reste 44.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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