En Birmanie, une guérilla ethnique inflige un nouveau revers à la junte militaire



Des bâtiments endommagés à Lashio, dans l’Etat Shan, dans le nord de la Birmanie, à la suite de combats entre l’armée du Myanmar et l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar dans la région, le 10 août 2024. STR / AFP La prise de la ville de Lashio, le 3 août, dans le nord-est de l’Etat Shan en Birmanie, par l’un des groupes armés ethniques en guerre contre la junte birmane, a marqué une nouvelle étape dans l’affaiblissement du régime birman. A la guerre contre la résistance armée issue de l’opposition au coup d’Etat de 2021 s’ajoute désormais un conflit ouvert avec les redoutables guérillas issues des minorités peuplant le vaste territoire frontalier de la Chine. Sept mois après la reconquête surprise de son territoire sur la frontière chinoise, l’Armée de l’alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), la guérilla historique de l’ethnie Kokang, a ainsi poussé l’offensive 180 kilomètres à l’intérieur des terres jusqu’à Lashio, 170 000 habitants, reliée par un chemin de fer à Mandalay, deuxième plus grande ville de Birmanie et principal nœud commercial sur l’artère des échanges avec la Chine. La ville abrite l’un des quatorze commandements militaires régionaux de Birmanie. C’est le premier à tomber aux mains de la résistance. Les combats ont été sanglants : une vidéo prise par les Kokang montre l’entrée de leurs troupes dans le QG de l’armée, où des cadavres jonchent les allées. L’hôpital militaire aurait également subi une attaque : le média indépendant DVB fait état de vingt morts parmi les civils et neuf parmi le personnel médical, qui n’aurait pas pu évacuer. Trois généraux, dont le major général qui commandait la base, ont été capturés, de même que possiblement 4 000 soldats et leurs familles, tandis que de grandes quantités d’armement ont été saisies. La junte birmane a organisé, mardi 6 août, des manifestations à Naypyidaw, la capitale, et à Rangoun, où ses partisans ont brandi des pancartes montrant des images de victimes présumées de l’hôpital de l’armée à Lashio. Sur les chaînes Telegram prorégime, des voix dénoncent des « trafiquants de drogue » et des « extrémistes » soutenus par la Chine – les Kokang sont des Chinois installés depuis des siècles en Birmanie et ont pour langue officielle le mandarin. Des capacités sous-estimées Le chef de la junte et artisan du putsch de février 2021, le général Min Aung Hlaing, a condamné ce même jour, dans un long discours, la reprise des combats par les Kokang et leurs proches alliés, les armées ethniques ta’ang et arakanaise (le trio se désigne sous le nom de « Three Brotherhood Alliance », « l’alliance des trois fraternités »), et les « experts étrangers en technologie » qui leur prêteraient main-forte. Il en a appelé au ralliement derrière la Tatmadaw, les forces armées birmanes, seule capable de résister aux « insurgés de l’intérieur » et aux « envahisseurs extérieurs ». Pas sûr qu’il convainque, même au sein de son camp où, comme après la chute en janvier de Laukkai, la capitale de l’enclave Kokang, la grogne à son égard a recommencé à se faire entendre : le moine ultranationaliste Wirathu, pourtant prorégime, l’a accusé, le 8 août, d’envoyer des soldats à la mort sans stratégie. Militairement, la conscription forcée, lancée en février, peine manifestement à remonter le moral des troupes. Il vous reste 59.91% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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