Une vue du ciel du poste de contrôle azerbaïdjanais à l’entrée du corridor de Latchine, le seul lien terrestre de la région séparatiste du Haut-Karabakh, peuplée d’Arméniens, avec l’Arménie, le 30 août 2023. KAREN MINASYAN / AFP En position diplomatique et militaire précaire, confrontées à une grave crise humanitaire, les autorités arméniennes autoproclamées du Haut-Karabakh ont lâché du lest, mardi 12 septembre, en laissant entrer dans cette enclave séparatiste du territoire azerbaïdjanais un camion de la Croix-Rouge russe venant d’Azerbaïdjan. Soumis à un blocus presque total depuis neuf mois au niveau du corridor de Latchine, les 120 000 Arméniens du Karabakh (moitié moins, selon Bakou) refusaient jusqu’ici toute livraison d’aide humanitaire provenant d’Azerbaïdjan, exigeant la réouverture de Latchine, l’unique corridor reliant l’enclave à la république d’Arménie. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Haut-Karabakh : le blocus de Latchine affaiblit les chances d’une solution négociée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan Mardi matin, un poids lourd portant l’emblème de la Croix-Rouge russe a franchi les postes de contrôle azerbaïdjanais, puis arméniens, sur la route Agdam-Askeran, avant d’arriver à Stepanakert (Khankendi en azerbaïdjanais), escorté par les forces russes « de maintien de la paix », qui ont pour mission de garantir la sécurité des Arméniens du Karabakh depuis leur défaite militaire en 2020. Le feu vert de Stepanakert est intervenu trois jours après l’élection d’un nouveau président du Haut-Karabakh par le Parlement. Issu des services de sécurité, Samvel Chahramanian serait mieux perçu à Moscou que son prédécesseur démissionnaire, Arayik Haroutiounian. Le revirement intervient sur fond de déploiement menaçant de troupes azerbaïdjanaises le long de la frontière arménienne et de refroidissement diplomatique sans précédent entre Erevan et Moscou. La journée de mardi a été marquée aussi par des échanges de tirs à l’arme lourde dans des zones éloignées du Karabakh. D’après le ministère arménien de la défense, l’armée azerbaïdjanaise a tiré sur les positions arméniennes dans la région de Gegharkunik. L’état-major azerbaïdjanais a dénoncé, de son côté, un bombardement contre ses forces dans l’enclave du Nakhitchevan. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’Arménie prend ses distances avec la Russie, alliée jugée défaillante Une revanche du Kremlin Le camion russe fait grincer des dents du côté des Arméniens du Karabakh, en dépit des pénuries dont ils souffrent depuis des mois. « Les avis divergent sur l’utilisation de la route d’Agdam, car elle renforce l’influence de l’Azerbaïdjan sur le territoire », réagit par téléphone Lilith Sargsian, 25 ans, une juriste qui témoigne sous un nom d’emprunt. A Stepanakert, où elle réside, le fait que la cargaison humanitaire ait été livrée par la Russie via l’Azerbaïdjan est perçu « comme un moyen de restaurer la réputation de Moscou sur le territoire ou de faire pression sur l’Arménie », poursuit-elle. « On a peur que l’ouverture de la route d’Agdam ne nous prive du droit de vivre sur nos terres », explique-t-elle, car « l’Azerbaïdjan n’est pas pacifique envers la population de l’Artsakh », le nom arménien du Haut-Karabakh. Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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