L’Allemagne sous pression dans le conflit entre la Chine et les Etats-Unis sur les semi-conducteurs

Sur le site de l’allemand Trumpf, à Ulm (Bade-Wurtemberg), le 4 avril 2023. THOMAS KIENZLE / AFP La guerre commerciale et technologique menée par les Etats-Unis contre la Chine a des implications de plus en plus fortes en Allemagne. Sur le segment très stratégique des puces électroniques, filière sur laquelle Pékin veut augmenter ses capacités, Washington fait pression sur ses alliés, comme le Japon et la Corée du Sud, pour qu’ils limitent ou interdisent l’accès de la Chine à certaines technologies sensibles. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les Pays-Bas coincés dans la guerre des puces électroniques entre les Etats-Unis et la Chine Ajouter à vos sélections En Europe, c’est le cas du groupe néerlandais ASML, leader mondial de la technologie de lithographie dite « extrême ultraviolet », qui permet de produire les puces électroniques les plus petites et les plus puissantes du marché. Début janvier, une livraison de machines a ainsi été bloquée par le gouvernement néerlandais, qui pourrait aussi accepter la requête américaine de limiter l’accès de la Chine aux services de réparation d’ASML, formulée début avril. Or, ASML doit son innovation à une coopération de long terme avec deux célèbres entreprises familiales allemandes non cotées en Bourse, Trumpf et Zeiss, localisées en Bade-Würtemberg. Le groupe Trumpf fournit les lasers, Zeiss, les systèmes d’optique. Cela explique pourquoi Washington fait pression également sur Berlin pour qu’il rejoigne le club des pays qui restreignent les exportations vers la Chine dans ce domaine. « Position très ferme » Interrogées par Le Monde, Trumpf et Zeiss n’ont pas fait de commentaire. Des sources proches du dossier confirment cependant que la pression de Washington sur les spécialistes allemands du secteur s’est intensifiée. « Elle est même plus forte que celle qui s’exerçait à l’époque de Trump », explique une de ces sources. « Je pense que cela va être un point de discussion important entre Xi Jinping et Olaf Scholz, lors de la visite du chancelier, mardi 16 avril, à Pékin, estime Noah Barkin, analyste au centre de recherche américain Rhodium Group. Xi ne veut pas voir l’Allemagne céder aux pressions de Washington, et il s’inquiète de voir grandir ce club de pays participant aux restrictions. Je pense que Berlin sera très réticent à y participer, mais n’a pas encore pris de décision, ce sera le début d’une discussion. » Pour les entreprises allemandes concernées, qui exportent et exploitent des sites de production à la fois en Chine et aux Etats-Unis, la pression géopolitique devient de plus en plus inconfortable. « Indépendamment de Donald Trump ou de Joe Biden, les Etats-Unis mènent une guerre de haute technologie contre Pékin et veulent entraîner l’Europe dans cette position très ferme, explique Rolf J. Langhammer, expert des échanges commerciaux à l’Institut pour l’économie mondiale de Kiel. Cela pourrait entraîner un renforcement du conflit commercial avec la Chine. Pour le modèle d’exportation allemand, c’est un bouleversement majeur. »



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