En Birmanie, la junte s’est retirée de Myawaddy, ville stratégique à la frontière thaïlandaise

Des membres de l’Armée karen de libération nationale et de la Force de défense du peuple examinent deux soldats capturés après la prise d’un avant-poste de l’armée, à Myawaddy, en Birmanie, le 11 avril 2024. AP Les troupes de l’armée birmane se sont totalement retirées de Myawaddy, ville frontalière stratégique pour le commerce avec la Thaïlande ; il s’agit d’une nouvelle défaite importante pour les militaires, en difficulté depuis plusieurs mois dans le nord et l’ouest du pays. Cette localité est importante pour la junte birmane, car les échanges commerciaux transitant par Myawaddy se sont élevés, au cours des douze derniers mois, à 1,1 milliard de dollars, une source de revenus vitale pour l’armée birmane – à court d’argent –, selon le ministère du commerce birman. « Nous avons pris [le bataillon militaire de Birmanie] 275 à 22 heures hier soir », a déclaré jeudi 11 avril Padoh Saw Taw Nee, porte-parole de l’Union nationale karen (KNU), un des principaux mouvements de rebelles à la junte, à l’Agence France-Presse (AFP), ajoutant que quelque deux cents soldats s’étaient retranchés sur un pont reliant Myawaddy à la ville frontalière thaïlandaise de Mae Sot. Lire aussi (2021) | Article réservé à nos abonnés Les rebelles karen se préparent à de nouvelles offensives de l’armée birmane Ajouter à vos sélections Un responsable thaïlandais des services d’immigration a affirmé à l’AFP que la ville était « tombée » dans la nuit de mercredi à jeudi, en requérant l’anonymat car il n’était pas autorisé à parler aux médias. Les journalistes de l’AFP présents au poste-frontière ont entendu un bruit sourd provenant du côté birman après le survol d’un avion vers 10 h 30, heure locale (5 h 30 à Paris), jeudi. Selon des habitants, les combats avaient commencé mardi autour de Myawaddy et aucun bruit d’affrontements n’avait été entendu pendant la nuit de mercredi à jeudi. « Les combats ont cessé depuis environ 20 heures hier soir », a déclaré un habitant de Myawaddy à l’AFP qui n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la KNU, les journalistes n’ayant pas accès à Myawaddy. Enchaînement de défaites de la junte Mercredi, des centaines de personnes apeurées avaient fait la queue à la frontière pour fuir les combats qui ont duré plusieurs jours autour de Myawaddy. La Thaïlande partage une frontière de 2 400 kilomètres de long avec la Birmanie, où un coup d’Etat militaire en 2021 contre le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi a rallumé le conflit entre la junte et ses opposants ethniques et politiques. Depuis quelques mois, la junte enchaîne les défaites dans le nord et l’ouest du pays. Le nombre de personnes qui transitent quotidiennement par le poste d’immigration thaïlandais en provenance de Birmanie est passé à environ quatre mille ces derniers jours, contre mille neuf cents habituellement, a confié à l’AFP un responsable de l’immigration. Il a ajouté que les autorités étaient en train de renforcer les effectifs des agents d’immigration pour faire face à un éventuel accroissement du flux des arrivées. En fin de journée mercredi, le commandant de la 3e armée thaïlandaise, le lieutenant général Prasarn Saengsirirak, a déclaré aux médias locaux que l’armée « intensifiait » ses patrouilles le long de la frontière. « Nous fournirons une aide humanitaire, mais si des balles perdues traversent la frontière thaïlandaise, nous riposterons par des mesures légères ou lourdes », a-t-il déclaré. Mardi, le ministre des affaires étrangères thaïlandais a affirmé que le royaume était prêt à accueillir cent mille personnes fuyant le conflit en cours. Le premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, s’est entretenu avec ses ministres au sujet de la situation à la frontière en début de semaine. Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés Aux portes de la Birmanie, le soutien à la junte s’effrite Ajouter à vos sélections Le Monde avec AFP Réutiliser ce contenu



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