Entre les deux Corées, la guerre des ballons est relancée

Des soldats de l’armée sud-coréenne montent la garde devant des lignes électriques dans lesquelles des ballons remplis de déchets envoyés par la Corée du Nord se sont emmêlés, à Muju (Corée du Sud), le 29 mai 2024. JEONBUK FIRE HEADQUARTERS VIA AP Les « provocations » nord-coréennes ne se limitent pas aux tirs de missiles, tels les dix lancés jeudi 30 mai vers l’est de la péninsule. Elles incluent des envois par ballon vers la Corée du Sud de centaines de sacs bourrés de déchets en tout genre. L’armée sud-coréenne en a repéré le 29 mai plus de 260, tombés près de la zone démilitarisée (la DMZ qui sépare les deux Corées) et à Séoul. Un sac a même atterri dans une rizière de Geochang, dans le sud-est du pays. Les militaires y ont vu là « une infraction au droit international » et ont exigé de la Corée du Nord qu’elle « cesse immédiatement ses actes inhumains et vulgaires ». Pyongyang ne faisait toutefois que répondre à l’envoi, le 12 mai, par l’association sud-coréenne Combattants pour une Corée du Nord libre, de sacs chargés de tracts hostiles au régime des Kim, de billets d’un dollar et de clés USB contenant des séries et de la musique sud-coréennes. « Pyongyang avait annoncé sa réplique », savoure Park Sang-hak, énergique quinquagénaire au visage buriné, à la pointe du mouvement pour l’envoi de propagande vers le Nord, par tous les moyens. Réfugié du Nord, M. Park est arrivé au Sud par la Chine en 1999 grâce à son père, qui avait fait défection en 1996 après une carrière au plus près du pouvoir nord-coréen. Avant de passer au Sud, Park Sang-hak avait étudié la communication à l’université et travaillé pour la propagande. Sa défection l’a amené à étudier les sciences politiques et les technologies de communication à l’université de Séoul. Bête noire de Pyongyang Militant « par devoir et conviction », fier que son fils effectue actuellement son service militaire dans l’armée du Sud, M. Park enchaîne les actions avec son frère Jung-oh, qui dirige l’organisation Keunsaem d’aide aux transfuges. « Je sais quelles informations donner pour ouvrir les yeux des gens sur la réalité du régime », explique-t-il. Le succès des contenus sud-coréens auprès des habitants du Nord est à ses yeux « le point faible du régime. Il ne peut arrêter leur diffusion. Au point que les jeunes qui fuient le Nord arrivent au Sud en maîtrisant déjà des expressions typiquement sud-coréennes ». Son activisme en a fait la bête noire de Pyongyang. Ciblé par deux tentatives d’assassinat, il vit sous protection policière 24 heures sur 24. Il ne sort jamais sans ses deux gardes du corps. Des ballons remplis de déchets envoyés par la Corée du Nord, dans la province de Chungcheong (Corée du Sud), le 29 mai 2024. SOUTH KOREA PRESIDENTIAL OFFICE VIA AP Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Entre les deux Corées, l’année 2024 s’ouvre sous haute tension Ajouter à vos sélections Les envois de ballons sont une pratique datant de la guerre de Corée (1950-1953). Elles faisaient partie de l’arsenal de la « guerre psychologique » entre les deux frères ennemis, avec la diffusion de messages par haut-parleurs et de programmes radiophoniques. Il vous reste 53.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link