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Cannes 2024 : le cinéma d’auteur vietnamien émerge, entre censure, sexe et traumatismes historiques

by News7
Cannes 2024 : le cinéma d’auteur vietnamien émerge, entre censure, sexe et traumatismes historiques



Dao Duy Bao Dinh et Pham Thanh Hai dans « Viet and Nam », de Truong Minh Quy.
Dao Duy Bao Dinh et Pham Thanh Hai dans « Viet and Nam », de Truong Minh Quy. NOUR FILMS Truong Minh Quy, jeune cinéaste vietnamien de 34 ans dont le troisième long-métrage, Viet and Nam, est sélectionné dans la section Un certain regard de la 77e édition du Festival de Cannes, se demandait si la censure dans son pays interdirait le premier film vietnamien en sélection officielle. La réponse est tombée le 4 mai : « Le titre et le contenu du film, son idéologie et son thème montrent une vision sombre, sans issue et négative du pays et du peuple vietnamien », a jugé le département du cinéma du ministère de la culture, du tourisme et des sports de la République socialiste du Vietnam pour justifier une décision bannissant la distribution du film « au Vietnam comme à l’étranger ». Viet and Nam n’a toutefois pas été retiré du Festival par ses producteurs : il aura la nationalité « officielle » des Philippines. Il sera projeté le 22 mai à Cannes. L’homosexualité de Viet et Nam, les deux personnages – employés dans une mine de charbon–, du film de Truong Minh Quy, ne semble pas avoir motivé l’interdiction du film. Elle n’est plus taboue au Vietnam dans nombre de films commerciaux ou de séries : « L’association de l’homosexualité avec le métier de mineur pourrait poser problème », nous expliquait toutefois le réalisateur rencontré à Ho Chi Minh-Ville en avril. Les censeurs raisonnent, poursuit-il, en fonction de la portée symbolique des images : « Il y a un vétéran de la guerre dans le film, mais il va confesser un crime. Une famille recourt à un médium pour trouver les restes d’un soldat disparu. Des militaires les accompagnent, or ils ne sont pas censés croire en ces pratiques. » Le régime communiste vietnamien ne plaisante pas avec les préceptes marxistes-léninistes – classe ouvrière, athéisme… – surtout en période d’ouverture accrue sur l’Occident. Le titre est un autre crime idéologique par association : il joue avec le nom sacro-saint du pays. « Avec les autres cinéastes de ma génération, on veut faire des films qui ont du sens. Et on se sent un devoir de parler de l’histoire, poursuit le cinéaste. Mais on veut aussi expérimenter, être dans l’abstraction. Cela crée une tension. » Tourné en 16 mm, Viet and Nam fait jaillir l’émotion de scènes sensuelles et minimalistes dans le cocon des entrailles de la terre. C’est une histoire d’amour, mais les personnages évoluent dans les réalités sociales et familiales du Vietnam de 2001, l’année où se passe l’action. Blessures non cicatrisées Cheveux longs, un peu rebelle, le réalisateur avait claqué la porte d’une école de cinéma au Vietnam en 2008 pour faire des courts-métrages grâce auxquels il a été accepté à l’école de formation française Le Fresnoy à Tourcoing (Nord) en 2019. Son avant-dernier long-métrage, Tree House, jamais montré à la censure mais projeté au Festival de Locarno en Suisse en 2019, explorait déjà un sujet sensible : l’altérité, le « négatif » qu’incarnent les ethnies minoritaires des hauts plateaux du centre, la région dont il est originaire, dans le Vietnam actuel et son histoire récente – elles ont souvent été parquées, parfois persécutées. Le film a la forme d’un documentaire, raconté en 2035, depuis la planète Mars. Il vous reste 60.19% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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