Jeudi 2 mai 2024, à Tokyo. EUGENE HOSHIKO / AP Il ne pensait pas à cela lorsqu’il a réservé ses vacances, mais, à son arrivée à Tokyo, Laurent Poyart a profité des effets concrets de la faiblesse du yen face au dollar. « Ce fut une excellente surprise, d’autant que le Japon avait pour moi la réputation d’être cher », raconte ce touriste français, qui a passé quinze jours en avril dans l’Archipel avec son épouse, Annie. Le couple a pu savourer des ramens à 5 euros par personne et profiter de prix bas dans les transports en commun. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La flambée du dollar fragilise les économies émergentes Ajouter à vos sélections Et pour cause : le 29 avril, la devise japonaise, poursuivant sa longue chute, a franchi la barre des 160 yens (0,95 euro) pour 1 dollar pour la première fois depuis 1990. En une décennie, elle a plongé de 35 % par rapport au billet vert et de 17 % face à l’euro. Ce phénomène tient, pour grande partie, au décalage de politiques monétaires : les taux sont plus élevés en Europe, et surtout aux Etats-Unis, qu’au Japon, englué dans une croissance faible depuis trois décennies. Résultat : les capitaux privilégient les placements américains au détriment de ceux de Tokyo, ce qui affaiblit la devise nippone. Les touristes, comme Laurent Poyart, sont les premiers à profiter, donc, car cette faiblesse de la monnaie gonfle leur pouvoir d’achat dans l’Archipel. En témoigne le montant record atteint par les ventes de produits détaxés en mars. A 50 milliards de yens (297,78 millions d’euros), elles ont été 2,4 fois supérieures à celles de mars 2023. Les grands magasins ont également vu leurs résultats progresser de 9,9 % sur la même période. Promesse d’une hausse des salaires La faiblesse de la devise, en revanche, pénalise les consommateurs locaux, car elle alimente l’inflation : celle-ci a atteint 3,1 % en 2023, du jamais-vu, depuis 1981, dans le pays, où l’indice des prix était atone depuis plus de vingt ans. « Les prix augmentent mais pas les revenus », déplore Koji Yamagata, employé d’une filiale d’un grand groupe spécialisé dans la publicité. La promesse d’une hausse de 5,28 % des salaires dans les grandes entreprises, obtenue lors du traditionnel « shunto », l’« offensive du printemps » des syndicats, est lente à se concrétiser et pourrait être insuffisante. Le salaire réel a baissé de 2,5 % en mars, affichant son vingt-quatrième recul mensuel de suite. Dans ce contexte, les Japonais surveillent leurs dépenses. Ils partent moins à l’étranger et, lorsqu’ils le font, ils privilégient des destinations à devises faibles comme l’Argentine, l’Egypte ou la Turquie, un pays vers lequel les réservations ont doublé par rapport à la période antérieure à la pandémie. Il vous reste 38.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
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Le yen faible réjouit les touristes, mais inquiète les Japonais
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