Furieuse du discours de Lai Ching-te, la Chine menace Taïwan de « représailles »

L’ancienne présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et son successeur, Lai Ching-te, le 20 mai 2024 à Taipei. CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS La Chine n’a pas goûté le discours prononcé par le nouveau président taïwanais, Lai Ching-te, lors de son investiture, lundi 20 mai, et elle le fait savoir. Pékin n’allait de toute façon pas lancer de fleurs à celui qu’elle n’a cessé, par le passé et durant la campagne, de dénoncer pour ses opinions personnelles favorables à l’indépendance, quand bien même il s’est engagé à maintenir le statu quo. Mais, depuis la victoire de M. Lai à l’élection du 13 janvier, elle attendait de voir la tonalité qu’il allait donner à ce début de mandat. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans des eaux contestées, les garde-côtes chinois testent Taïwan et inquiètent ses pêcheurs Ajouter à vos sélections Or, Lai Ching-te a bien donné des gages lundi, promettant de « ne pas céder ni provoquer » et de « maintenir le statu quo ». Il a même fait des propositions pour relancer la coopération, notamment reprendre les échanges touristiques et accepter de nouveau les étudiants chinois à Taïwan. Mais, pour le reste, son adresse était un concentré d’éléments susceptibles de provoquer l’ire de la Chine, un discours plus affirmé, moins conciliant que celui qu’avait prononcé huit ans auparavant sa prédécesseure, Tsai Ing-wen, soucieuse de faire redescendre la température avec la Chine à la suite de son élection. M. Lai a mis les pieds dans le plat. « Nous ne devons nous faire aucune illusion, a-t-il affirmé. Face aux multiples menaces et tentatives d’infiltration de la Chine, nous devons démontrer notre résolution à défendre la nation. » « Le futur de la République de Chine-Taïwan sera décidé par ses 23 millions d’habitants », a-t-il encore déclaré. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Taïwan : le nouveau président appelle la Chine à renoncer à la force Ajouter à vos sélections Ce discours « peut être décrit comme un véritable aveu de l’indépendance de Taïwan », a souligné mardi le bureau chinois des affaires taïwanaises. La Chine, qui considère comme l’une de ses provinces l’île où s’est replié Tchang Kaï-chek en 1949 après sa défaite face aux communistes, pose là une menace car, depuis 2005, elle est dotée d’une loi qui prévoit le recours à la force militaire en cas de déclaration d’indépendance ou geste apparenté. « Un déshonneur » Le ministre chinois des affaires étrangères, depuis une conférence des pays de l’Organisation de coopération de Shanghaï à Astana, au Kazakhstan, n’a pas mâché ses mots. « L’attitude scandaleuse de Lai Ching-te et autres qui trahissent la nation et ses ancêtres est un déshonneur, a déclaré Wang Yi. L’histoire clouera tous les séparatistes pour “l’indépendance de Taïwan” au pilori de la honte. » Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés Taïwan : sous la présidence de Tsai Ing-wen l’équilibriste, huit ans de stabilité dans la tempête Ajouter à vos sélections Le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois, a consacré une pleine page et neuf articles, mardi, à la dénonciation du discours. Parmi les titres : « Ceux qui remettent en cause le principe d’une seule Chine seront au final avalés par le cours de l’histoire » ou « L’indépendance de Taïwan est une impasse, et cautionner et soutenir l’indépendance de Taïwan est voué à l’échec ». Pour l’agence officielle Chine nouvelle, le texte de Lai n’est rien d’autre qu’un « manifeste » pour l’indépendance. La Chine a fait savoir qu’elle s’était également plainte auprès des Etats-Unis après que leur secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a adressé un message de félicitations à Lai Ching-te. Il vous reste 26.32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



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